La littérature francophone d'Afrique
La littérature francophone d'Afrique a évolué à travers plusieurs périodes marquantes. D'abord ancrée dans la tradition orale, elle commence à s’imposer à l’écrit dans les années 1950 avec des auteurs comme Camara Laye et Ousmane Sembène. Dans les années 1960, elle reflète les espoirs nés des indépendances, avant de sombrer dans la désillusion face aux régimes postcoloniaux dans les années 1970. Cette période voit aussi l’émergence de l’écriture féminine avec Fatou Diome et Aminata Sow Fall. Alors que les débuts étaient marqués par un mélange d’engagement politique et de littérature dans les récits, une nouvelle génération, à partir des années 1990, adopte une approche transcontinentale et questionne son identité au-delà des origines africaines.
Découvrez les auteurs et autrices contemporain.es de différents pays d’Afrique au travers de notre sélection. Vous trouverez les grand.es écrivain.es comme Alain Mabanckou, Deon Meyer ou Leïla Slimani et Djaïli Amadou Amal ainsi que beaucoup d’autres.
Différences entre l’écriture féminine et masculine
Même s’il existe des exceptions et des ponts entre ces approches, on peut dire que l’écriture masculine se penche plus sur l’Histoire et ses drames, tandis que l’écriture féminine privilégie l’intime et le social sous un prisme plus personnel et engagé.
Les écrivaines
La littérature contemporaine féminine met en lumière les expériences des femmes à travers plusieurs thématiques majeures. Les autrices abordent souvent des récits plus intimistes, centrés sur les oppressions et les luttes individuelles, en particulier celles des femmes comme Djaïli Amadou Amal ou Roukiata Ouedraogo qui traitent de la condition féminine, du mariage forcé, de la résilience. Chimamanda Ngozi Adichie et Leïla Slimani mêlent engagements féministes et portraits de femmes aux prises avec la domination masculine. Quant à Katherine Scholes, bien que non africaine, elle adopte une approche immersive du Congo colonial et post-colonial avec un regard extérieur. Alice Zeniter, Leïla Slimani se concentrent plus sur les thèmes de l’identité et de l’exil illustrant les déchirements et les recompositions identitaires vécus par celles qui naviguent entre plusieurs cultures et territoires.
Les autrices, elles, se concentrent davantage sur les parcours individuels, souvent féminins, et la lutte contre des structures oppressives.
On ne pourrait omettre de mentionner deux grandes autrices qui ont marqué la littérature francophone africaine féminine, Ken Bugul et Aminata Sow Fall.
Aminata Sow Fall, née en 1941 au Sénégal, est une pionnière de la littérature africaine francophone. À travers ses romans, elle critique l’hypocrisie sociale et l’idéologie patriarcale, comme dans « La Grève des bàttu » qui lui vaut le Grand Prix littéraire d’Afrique noire. Récompensée par plusieurs distinctions, dont le Grand Prix de la Francophonie en 2015, elle est une figure incontournable de la littérature sénégalaise et africaine.
Ken Bugul, née en 1947, Mariètou Mbaye Biléoma, dite Ken Bugul (« Celle dont personne ne veut » en wolof) est une écrivaine sénégalaise. Après une carrière de fonctionnaire internationale, elle se consacre à la littérature depuis 1994. Ses ouvrages abordent son intimité, sa sexualité et l’identité féminine. « Riwan ou Le chemin de sable » a été couronné du Grand Prix littéraire de l’Afrique noire en 1999.
Chimamanda Ngozi Adichie (Nigéria)
Americanah
Chimamanda Ngozi Adiche dispose d'un talent de narration extraordinaire. Americanah, c'est le mot grinçant utilisé par les Nigérians restés au pays pour nommer leurs compatriotes partis vivre en Amérique. Une façon d'ironiser sur celles et ceux qui se font un devoir de corriger leur prononciation d'origine pour parler l'anglais comme les Américains. Et Chimamanda Ngozy Adichie a été une Americanah.
L'histoire débute avec Ifemelu, une jeune Nigériane dans la trentaine, vivant depuis treize ans aux États-Unis. Elle décide de rentrer dans son pays natal, laissant tomber son blog à succès et son petit ami. Flashback sur sa vie antérieure, sa jeunesse au Nigéria, son grand amour avec Obinze et ses treize années américaines. Parallèlement, on fait la connaissance d'Obinze et de son propre parcours. Les difficultés de l'émigration, de l'immigration, le racisme actuel aux Etats-Unis et les relations interraciales sont au cœur de ce récit passionnant.
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Djaïli Amadou Amal (Cameroun)
Djaïli Amadaou Amal est camerounaise, peule et musulmane. Elle a été mariée de force à 17 ans à un cinquantenaire polygame qui a fini par la répudier. Elle a été remariée et a fini par fuir à la suite de violences conjugales qui menaçaient sa vie et celle de ses enfants. Elle s'est reconstruite et dans sa résilience a fondé en 2012 l'association Femmes du Sahel qui aide les jeunes femmes à obtenir l'indépendance par les études.
Les impatientes (couronné du Prix Goncourt des Lycéens)
Djaïli Amadaou Amal a fait le choix d'un roman choral pour dénoncer la condition des femmes en Afrique sahélienne à travers les destins croisés de trois femmes mariées de force. Ramla, une belle adolescente douée, dont le désir est de devenir pharmacienne est arrachée à son amoureux. Son père exige qu'elle épouse un homme d'affaires quinquagénaire déjà marié à Safira. Cette dernière, amoureuse et comblée, vivant auprès de cet homme depuis vingt ans, va être profondément blessée et va tout tenter pour faire fuir cette rivale. Hindou, la demi-sœur de Ramla, est contrainte d'épouser son cousin Moubarak, un voyou alcoolique et drogué. Ramla, Hindou et Safira, ces femmes africaines, ont appris dès leur naissance que seule la patience leur permettrait d'être de bonnes épouses. Ces trois destins vont former les trois parties du roman, trois portraits de femmes bouleversants.
Le harem du roi
Nous faisons fait la connaissance de Seini et Boussoura, un couple moderne qui vit de façon moderne. Il est médecin et elle est professeure, ils ont quatre enfants adultes. Quand le père de Seini, lamido, c’est-à-direchef politique et religieux, meurt, Seini décide de reprendre le trône. Il va alors devoir revenir sur ses convictions et se plier aux traditions, au grand désarroi de Boussoura. Le roman se déroule sur une vingtaine d'années dans les murs clos du palais où se côtoient les Djaagués, les esclaves et les Soulaabés, concubines du lamido, offertes par leur famille. C'est un roman très émouvant sur l'amour et l’évolution d’un couple, mais aussi sur la polygamie, le pouvoir et l'argent et bien sûr, sur les traditions qui perdurent.
Cœur du Sahel
Faydé vit dans les montagnes dans l'extrême-nord du Cameroun. Pour que sa mère, ses frères et sa sœur ne soient pas dans le besoin, la jeune adolescente décide de partir à Maroua, la ville la plus proche, où elle sera domestique. Comme ses comparses, elle devra se faire à sa nouvelle vie citadine. Elle va travailler comme servante pour une riche famille peule et découvre la vie difficile réservée aux filles de sa condition, elles sont en butte au mépris des coépouses, aux injures, ont énormément de travail domestique pour un salaire misérable. Elles sont aussi à la merci des hommes de la maison. Un roman qui rappelle l'essentiel : l'importance de l'égalité, du respect. Mais aussi le rôle fondamental de l'éducation.
Roukiata Ouedraogo (Burkina Faso)
Du miel sous les galettes
C’est le Burkina Faso, un des pays les plus pauvres et les plus corrompus d'Afrique, que nous découvrons ici à travers l'histoire tragique de la famille Sankaké. Lorsque le père est accusé d'un vol et envoyé en prison, la famille ne peut compter que sur la hargne et le courage infaillible de la mère, Djelila, pour palier à la famine, aux ragots, aux regards biaisés. Jamais elle ne croira son mari fautif et elle fera tout ce qu'elle peut pour libérer son mari et faire vivre ses sept enfants avec ses petits moyens dont la vente de galettes au miel.
Roukiata Ouedraogo raconte avec beaucoup de tendresse une enfance africaine, la sienne au Burkina Faso et retrace ses souvenirs très personnels, émouvants et sincères. Ce roman transpire de soleil africain, c'est un hymne à la vie, à la solidarité, un très beau combat de femme, de mère.
Leïla Slimani (Maroc)
Le pays des autres
En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et du manque d'argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l'indépendance de l'ancien protectorat.
Tous les personnages de ce roman vivent dans "le pays des autres" : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse combattre pour leur émancipation.
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Alice Zeniter (Algérie)
L’art de perdre
Couronné de nombreux prix dont le prix Goncourt des lycéens 2017 !
Sur trois générations, nous suivons l'histoire d'une famille dont les racines sont ancrées en Algérie. Le récit s'étale de la jeunesse à l'exil, en 1962, du grand-père Ali, jusqu’à la quête tardive, en 2015, d'une Algérie pleine de secrets par la jeune Naïma, en passant par l'intégration douloureuse de Hamid, le père de l'une et le fils de l'autre.
Traître pour sa patrie d'origine, "bougnoule" pour sa patrie d'adoption, Ali se mure dans un silence douloureux et ira même, un jour, dans un geste de désespoir muet, jusqu'à jeter ses médailles de guerre à la poubelle. Sa petite-fille Naïma, jeune femme indépendante, libre d'être qui elle souhaite en cette France des années 2000, archétype de l'enfant de la troisième génération d'immigrés parfaitement intégrée, reste malgré elle hantée par le déterminisme social et culturel d'où elle vient : une petite-fille d'immigrés parqués dans des camps du sud de la France alors que la très jeune Algérie célébre sa liberté recouvrée.
Le roman d’Alice Zeniter est une interrogation sur la part de la liberté et celle du déterminisme historique et familial dans l'existence individuelle.
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Ayobami Adebayo (Nigéria)
Reste avec moi
2008, Ejide doit retourner dans la vie qu'elle avait abandonnée. Nous allons découvrir au fil des pages pourquoi, grâce à un retour dans le passé mais aussi par certains chapitres donnant la parole à Akin, l'époux d'Ejide. Un roman, deux périodes, deux voix, mais un seul pays secoué par différents coups d'états.
L’autrice nous raconte le parcours difficile d'un couple pour avoir un enfant dans le Nigeria des années 80. C'est un texte sur le poids des traditions dans un pays où il est possible de prendre une seconde épouse si la première n'est pas fertile. C’est un récit également sur la famille, l’amour, sur la perte et les renoncements. C’est enfin un portrait du Nigeria et de ses habitants, de sa vie politique, un récit plein de verve et de couleurs grâce à une écriture très riche et imagée.
Katherine Scholes (Tanzanie/Congo)
Leopard Hall
Dans « Leopard Hall », Katherine Scholes nous parle de deux personnages dans le Congo des années 1960, secoué par les rebellions qui font suite à l'indépendance. Ces personnages vont oser quitter un quotidien tranquille pour se mettre en quête de leurs racines dans un pays au climat politique instable et violent.
D'une part, il y a Anna, une jeune secrétaire australienne née au Congo qui revient en Afrique sur les traces de son père. Elle a quitté le pays encore enfant et est totalement ignorante des réalités de l'Afrique : tout la surprend et elle se retrouve un peu ballottée au gré des décisions de ceux qui la prennent sous leur aile et qui sont eux-mêmes à la merci des événements. D'autre part, il y a Dan, chasseur de brousse et vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, qui prend la tête d'un commando destiné à affronter les Simbas, des rebelles qui mettent en péril le gouvernement congolais déjà fragilisé. L'autrice prend le temps de faire évoluer ses personnages et de raconter le Congo de cette période, c'est vraiment poignant. Un très beau roman qui témoigne des terribles réalités du colonialisme et de ses conséquences, même une fois l'indépendance acquise.
Les écrivains
Les écrivains ont tendance à avoir une approche plus historique et sociale, où le destin collectif est central (guerre, politique, société).
Les auteurs hommes de notre sélection explorent des thématiques liées à l’histoire, la mémoire, l’identité et la société avec un regard critique. Alain Mabanckou mêle poésie, humour et critique sociale, tandis que David Diop et Mohamed Mbougar Sarr interrogent l’héritage colonial et la mémoire à travers des récits introspectifs. Kamel Daoud adopte plutôt une approche philosophique en questionnant les tabous de la société algérienne. Quant à Deon Meyer, il associe action et réflexion sociale dans un cadre post-apocalyptique. Ces écrivains examinent la tension entre modernité et traditions, l’exil, la double appartenance culturelle et l’influence du passé sur les destins individuels et collectifs, offrant ainsi une vision nuancée du monde contemporain.
On ne pourrait omettre de mentionner deux grands auteurs qui ont marqué les débuts de la littérature francophone africaine, Amadou Hampâté Bâ et Mongo Beti.
Amadou Hampâté Bâ (1901-1991), écrivain et ethnologue malien, consacre sa vie à la préservation des traditions orales d’Afrique de l’Ouest. Il collecte et retranscrit un immense patrimoine culturel, mêlant récits initiatiques et travaux historiques. Sa double formation, traditionnelle et occidentale, lui permet d’explorer la richesse du patrimoine africain, notamment dans ses mémoires « Amkoullel, l’enfant peul » (1991).
Mongo Beti (1932-2001), écrivain et enseignant camerounais, incarne une figure majeure de la critique du colonialisme et des régimes postcoloniaux. À travers ses romans et essais engagés, Mongo Beti marque la littérature africaine en dénonçant les injustices et en défendant une Afrique libre et souveraine.
Alain Mabanckou (Congo)
Petit piment (lu par l’auteur lui-même)
Alain Mabanckou nous ici parle d'un Congo qu'il aime, d'une enfance dans les années 60-70, d'un monde fracassé où règnent corruption, violence, ségrégation ethnique. Petit Piment est un garçon qui nous raconte sa vie, une vie bien misérable. Il passe 13 ans dans un orphelinat de Loango à quelques dizaines de kilomètres de Pointe-Noire, 13 ans passés à subir les directives d'un directeur mégalomane. Puis l'évasion, la fuite vers Pointe-Noire, ville portuaire de la république du Congo, et sa vie au sein d'une bande de petits voyous. Au milieu de toute cette noirceur, quelques personnages lumineux apparaissent comme Mama Fiat 500 et ses filles, de vrais rayons de soleil et d'attention.
Ce roman représente une approche de cette partie de l'Afrique et de toute sa complexité mêlée à beaucoup de tendresse.
Le commerce des allongés
Au cimetière du Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres de Pointe-Noire au Congo, Liwa Ekimakingaï entame sa nouvelle vie. Comme tous les morts, il doit d’abord rester quatre jours en plein air avec sa famille et les compatissants. Liwa était un jeune homme en pleine forme et n'est par conséquent pas prêt à accepter sa nouvelle condition malgré l'aide et les conseils apportés par ses nouveaux ‘voisins’. Il va se souvenir des circonstances qui l'ont conduit en ces lieux, remonter sa vie jusqu'au moment fatidique, mener son enquête, et cela commence par la tenue haute en couleurs qu'il porte.
Ce roman au milieu des jeteurs de sorts, des féticheurs, des sorciers est un vrai régal. A la fois peinture sociale et extraordinaire fable africaine, « Le commerce des Allongés » nous projette dans un monde stupéfiant où la mort est une nouvelle vie et où les esprits ont encore des histoires envoûtantes à nous conter. Alain Mabanckou est un conteur, ses personnages sont savoureux. N’hésitez pas à plonger dans cet univers truculent !
Mohamed Mbougar Sarr (Sénégal)
La plus secrète mémoire des hommes (prix Goncourt 2021)
C'est l'histoire d'une quête, celle d'un livre maudit. Dès qu'il le découvre, le jeune écrivain sénégalais Diégane, monté à Paris plein d'ambition, en est possédé. Il décide d'enquêter sur son mystérieux auteur devenu paria : T.C. Elimane, lui aussi Africain francophone.
Diégane, fasciné par ce livre écrit en 1938, n'aura de cesse de découvrir qui était T.C. Elimane, qui n'a plus donné signe de vie après la parution de son roman. Il s'aperçoit assez vite qu'il n'est pas le seul à rechercher des traces de cet auteur. Un jour, il rencontre Siga, qui apparemment en sait beaucoup plus que lui. Au fil du temps, elle va lui dévoiler tout ce qu'elle sait. Nous avançons donc avec Diégane, et nous en apprenons de plus en plus sur cet écrivain, ce Rimbaud nègre… Le roman se déploie à travers un siècle d'histoire en France et au Sénégal, déambule à travers les fléaux du XXème siècle, révélant à Diégane vérités et illusions.
Kamel Daoud (Algérie)
Houris (Prix Goncourt 2024)
La guerre civile, tabou en Algérie, est racontée à travers l'histoire dramatique d'Aube. Aube est une jeune Algérienne née une seconde fois à l'âge de cinq ans, le 31 décembre 1999, date à laquelle elle a été égorgée et laissée pour morte par des islamistes qui ont massacré cette nuit-là mille personnes de son village dont sa famille. Les cordes vocales tranchées, Aube perd l'usage de la parole, une canule lui permet de respirer. C'est sa voix, sa voix intérieure que Kamel Daoud nous invite à entendre. Aube s'adresse à l'enfant, une fille, qu'elle porte dans son ventre, sa Houri. Aube est face au choix problématique de savoir si elle peut donner la vie à une enfant dans un pays qui ne veut pas des femmes. Coincée entre l'envie d'avorter et celle de parler sans fin à sa Houri, elle va s'engager dans un périple-pèlerinage tourmenté vers son village natal. Une autre voix se mêle à la sienne, celle d'Aïssa, rescapé lui aussi d'un massacre. Puissant et bouleversant.
David Diop (Sénégal)
Frère d’âme (Prix Goncourt des Lycéens 2018)
Au cœur de ce récit aux allures de conte cruel se trouve la triste banalité de la guerre qui a assassiné des millions de vies humaines au nom d'idéaux trompeurs cachant juste la soif de pouvoir. Et parmi eux, les tirailleurs africains. C'est la voix de l'un d'eux qui nous confie sa détresse. David Diop donne la parole à Alfa Ndiaye qui raconte simplement mais d'une façon si émouvante et sincère. Pendant la Grande Guerre, Alfa et Mademba sont volontaires pour défendre la France. Confronté à la blessure mortelle de son plus que frère, Alfa ne peut accepter ce que ce dernier lui supplie de faire : l'achever. Mademba expire dans de terribles douleurs. Commence alors pour Alfa une longue descente vers la folie ; il est coupable, coupable de la mort de son ami, coupable de ne pas avoir abrégé ses souffrances. L'histoire est violente, parfois insoutenable ; mêlée de poésie, de douceur de la vie d'avant. Les scènes de guerre et l'écriture dévoilent l'incantation à la folie, les mots ornent la souffrance, masquent l'indicible et prennent le pouvoir sur l'horreur qui ronge la raison.
Deon Meyer (Afrique du Sud)
L’année du lion
Deon Meyer nous offre ici un très bon thriller post-apocalyptique en Afrique du Sud. Amanzi, cela signifie « eau », en Xhosa, la langue de Nelson Mandela. C'est le nom de la cité-Etat fondée par Willem Storm et quelques autres, après la Fièvre qui a décimé près de 95 % de l'humanité. Un homme et son fils sont parmi les rescapés. Mais Willem Storm ne se contente pas de survivre. Il invite les gens à se joindre à lui pour fonder une nouvelle communauté. Avec le groupe qu'il réunit, il devra faire face à de nombreuses difficultés : famine, conflits, attaques de pillards, … Le narrateur, c'est son fils Nico. Il raconte sa vie d'adolescent qui porte un regard sur son père. Des sentiments en montagnes russes : de la vénération devant cet homme hors du commun à la haine lorsqu'il découvre les faiblesses de cet homme ordinaire. À travers ce thriller, Deon Meyer intègre beaucoup de réflexions intéressantes sur l'écologie et la place de l'homme dans la nature, sur la psychologie post-traumatique et l'apprentissage de la vie, sur la rivalité humaine et la guerre.
Découvrez tous les romans de Deon Meyer !
Léopold Sédar Senghor (Sénégal)
Le poète-président d’Elara Bertho
Senghor est un poète au style qui aujourd’hui peut paraître un peu désuet. Il défend la reconnaissance et la valorisation de l’identité noire. Senghor est l’un des pères de la négritude et l’un des fondateurs de la francophonie. Premier président du Sénégal (1960-1980), il est le premier Africain élu à l’Académie française en 1983. Son œuvre, marquée par un lyrisme profond, célèbre une Afrique renaissante tout en recherchant un équilibre entre traditions et modernité.
La littérature africaine francophone offre une diversité de voix et de récits qui éclairent l’histoire, la mémoire et les identités. Qu’il s’agisse de classiques ou de nouvelles parutions, ces ouvrages nous invitent à la découverte de cultures riches et de regards individuels sur le monde et l'Histoire. Ces écrvains et écrivaines nous invitent à lire, écouter et à nous immerger dans leurs histoires puissantes et inspirantes.
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