Sœur chérie, sœur haïe/détestée, sœur lointaine, les relations entre sœurs oscillent entre union intime et rivalité, elles sont complexes et parfois passionnées. Il arrive que cette relation privilégiée se brise à cause d'un événement exceptionnel ou d’un malentendu. La réconciliation est alors difficile, car elle nécessite de faire table rase du passé. Les sœurs, source d’imagination pour de nombreuses histoires, représentent un thème récurrent dans la littérature, et pour cause : Elles sont un mélange concentré de sentiments composés d’amour, de jalousie ou de haine.
Les sœurs et leur relation occupent une place importante dans un très grand nombre d’ouvrages littéraires, à travers différents genres. La mythologie grecque nous offrait déjà le mythe des Pléiades, sept sœurs, filles du Titan Atlas et de l’Océanide Pléioné. Parmi les contes aussi, on retrouve par exemple le couple de sœurs Blanche-Neige et Rose-Rouge dans le vieux conte des frères Grimm, ou encore dans les romans classiques, celui d’Elizabeth et Jane Bennet chez Jane Austen ou encore celui de Tristane et Laetitia dans « Le livre des sœurs ». Leurs rapports ne sont pas toujours étroits et intimes comme on pourrait le supposer, ils peuvent être tout aussi difficiles et complexes. Les demi-sœurs de Cendrillon ou bien Agathe et Emma Delorme chez Virginie Grimaldi en sont des exemples. Même quand les relations entre sœurs reposent sur une base stable et harmonieuse, elles sont soumises à des altérations et évolutions, comme pour toutes relations interhumaines.
Agathe et Emma Delorme sont sœurs. Chacune a son petit caractère et son tempérament. L’aînée, Emma, est posée et protectrice, tandis qu‘Agathe, la plus jeune, est impulsive et fragile. Bien qu’Agathe et Emma aient toujours été très différentes de caractère et dans leur façon d’appréhender les événements, elles ont cependant été très fusionnelles par le passé. Puis, il y a eu une coupure, sans aucun contact pendant cinq ans. Elles se retrouvent aujourd'hui car, après le décès de leur grand-mère adorée, la maison de cette dernière doit être vidée et mise en vente. Les deux sœurs y passent une ultime semaine, en souvenir du bon vieux temps. Un séjour durant lequel elles vont devoir faire face aux souvenirs, mais aussi et surtout, essayer de se retrouver. Sauront-elles réparer leur passé ? Le roman voyage dans le temps, dans les souvenirs, entre hier et aujourd'hui pour au fur et à mesure assembler le puzzle de la vie de ces deux sœurs et éclaircir leur relation. Virginie Grimaldi aborde certes des thématiques lourdes et poignantes, mais le tout est enveloppé dans une bonne dose d’amour familial et d’humour ! Une combinaison parfaite pour faire passer une multitude d'émotions. À écouter sans aucune hésitation.
Près de deux siècles après sa mort, Jane Austen est restée une des autrices les plus lues et appréciées. Sa plume brillante, son talent d’observation fine et minutieuse des pensées et comportements des gens de son entourage tout comme son ironie font de son œuvre une des plus remarquables au monde. La relation entre les sœurs Jane et Elizabeth se situe au centre du roman « Orgueil et Préjugés ».
Le personnage central du roman « Orgueil et préjugés » est une des femmes les plus ravissantes de la littérature mondiale, Elizabeth Bennet, une personne intelligente et rebelle, à l’image de sa créatrice. En tant que deuxième de cinq filles d’un père peu fortuné appartenant à la petite gentry anglaise, elle est contrainte à un mariage avantageux qu’elle refuse totalement et décide, contrairement aux réglementations strictes de l’époque, de faire du mariage une quête du bonheur et non un choix stratégique. Sa sœur aînée, Jane, incarne la raison et se comporte pour l’époque de manière exemplaire. Les deux sœurs qui ont des caractères différents entretiennent cependant une relation très étroite. Elles se font confiance et ont besoin l’une de l’autre pour échanger leurs pensées, secrets et lettres. Même après leur mariage respectif, elles restent très unies, d’autant plus que leurs maris sont amis. Leur relation est donc profonde comme celle qu’entretenait Jane Austen avec sa sœur Cassandra.
Le caractère des aînées décrit dans les récits correspond souvent à celui d’une personne douce et mesurée qui fait naturellement attention à sa ou ses sœurs cadettes. La deuxième est souvent décrite comme impulsive avec des manières plus brusques. On retrouve ce schéma autant dans « Orgueil et préjugés » que dans l’ouvrage écrit quelques années plus tard par l’Américaine Louisa May Alcott : « Les quatre filles du docteur March ». C’est souvent à l’aînée que revient le rôle de protectrice ou même celui de mère pour ses sœurs plus jeunes. Contrairement à ce schéma classique, dans « Les sœurs Carmines », au nombre de trois, c’est la cadette Merryvère qui en s'introduisant en catimini dans des maisons de riches, récupère de quoi faire vivre ses sœurs depuis la mort de leur mère.
Des relations intenses
Les relations entre sœurs sont toujours intenses, mais ressenties différemment par chacune d’elles. L’ordre de naissance a par exemple une importance fondamentale dans leurs relations. En effet, c’est souvent à l’aînée que revient le rôle de protectrice ou même celui de mère pour ses sœurs plus jeunes. Mais les aînées peuvent être contrariées par la naissance d’une sœur plus jeune qui soudain peut occuper le centre de toutes les attentions et des sentiments de jalousie apparaissent. Dans d’autres cas, l’amour s’équilibre entre les sœurs, les soudant fortement, c’est le cas d’Amélie Nothomb qui explique :
« (…) je suis très marquée par celui (l’amour) vécu avec ma sœur depuis sa naissance. C’est encore plus fort que l’amour parental, et même plus fort que l’amour amoureux ».
Par le titre « Le livre des sœurs », l’écrivaine Amélie Nothomb rend un hommage indirect à sa sœur adorée Juliette, avec qui elle forme un duo soudé depuis l'enfance.
Ce récit parle de l’amour qui peut unir des sœurs et de leur relation fusionnelle qui peut entraîner des conséquences dans la vie. L’ignorance des parentsenvers elle fait deTristane, le personnage principal, une enfant délaissée et négligée qui ne trouve pas sa place au sein du foyer. Mais les parents de Tristane vont lui faire cadeau d'une petite sœur, Laetitia, de cinq ans sa cadette. Tristane va pouvoir construire avec cette dernière un lien très fort et elles deviennent inséparables. Leur puissance devient un bouclier face à la désaffection parentale.
L’écrivaine Jean Hegland décrit avec brio l’évolution de la relation entre deux sœurs exposées d’un jour à l’autre à une situation extrême.
Le récit se situe dans un monde qui n’est plus ce qu’il était : Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, plus d’essence, les gens fuient et cherchent à survivre au détriment d’autres, la société se désintègre. Dans cette ambiance post-apocalyptique, Nell et sa sœur Eva se retrouvent à l’âge de 17 et 18 ans sans parents, seules à l’orée d’une forêt, livrées à elles-mêmes. Leurs parents ont disparu, elles ne comprennent pas la situation au début, mais, petit à petit, elles commencent à prendre conscience de la réalité et des problèmes : Dangers, faim et soif vont s’installer dans leur quotidien. Leur seul et unique secours sera leur solidarité et la forêt qui les entoure. Nell et Eva découvrent cette source de richesses qui les aide à gérer leur vie désormais. Ensemble, elles arrivent à se servir de la nature et se créent une nouvelle vie en autarcie au gré des saisons. Les deux sœurs partagent leurs doutes, leurs angoisses, restent fortes et ne perdent jamais espoir. Jean Hegland analyse à merveille l’évolution de leur relation devenant de plus en plus fusionnelle, s’adaptant aux circonstances extrêmes. « Dans la forêt » est un roman brillamment écrit et qui, malgré ses presque trente ans, n’a rien perdu de sonactualité.
Marie et Bronia Sklodowska sont deux sœurs issues d’une famille modeste et cultivée, leurs parents sont enseignants. C’est l’histoire de la future Marie Curie et de sa sœur. Nées en Pologne occupée à cette époque par la Russie, les deux jeunes femmes se voient refuser l'accès aux études supérieures parce qu'elles sont femmes. Alors que des universités clandestines voient le jour, Marie et Bronia feront partie des premières élèves malgré le danger qui les guettent.
Ambitionnées et animées d'une passion commune pour les études scientifiques, elles font serment de leur engagement mutuel pour réaliser leur rêve d’études supérieures à la Sorbonne de Paris : Elles comptent sur leur entente et leur soutien mutuel, elles vont s’entraider afin que, tour à tour, elles puissent venir en France pour étudier. La solidarité qui lie les deux sœurs par le pacte qu'elles ont passé, fait toute leur force et leur permet de réaliser leur rêve. Bronia devient gynécologue et Marie physicienne et chimiste.
Un cas particulier : les jumelles
Souvent, les sœurs sont représentées comme deux parts d’une même personne. Pourtant cette idée d’une âme scindée en deux corps est une image plus appropriée au cas extrême des jumelles. Dans de multiples récits le lien particulier existant entre deux sœurs jumelles exerce une grande fascination. Nous retrouvons ce thème dans les grands classiques tels « Deux jumelles » d’Enid Blyton, ou encore « Deux pour une » de l’auteur allemand Erich Kästner. L’histoire « Le Doute » de S.K. Tremayne, qui connaît un grand succès international, aborde également le thème des jumelles et de leur relation si forte qu’elle semble dépasser le stade de la mort de l’une d’entre elles.
Lydia et Kirstie sont deux petites jumelles de 6 ans. Elles vivent dans une belle maison à Londres et font la joie de leurs parents Sarah et Angus, tous semblent heureux. Seulement, l’innommable arrive, une des jumelles décède tragiquement. Dévastée par cette perte, Sarah et Angus décident de quitter Londres pour trouver le calme sur une île en Ecosse et de permettre à Kirstie de se reconstruire, sans sa sœur.
Sarah annonce la nouvelle du départ à sa fille Kristie. Mais cette dernière demande à sa mère pourquoi elle l'appelle Kristie puisqu’elle est Lydia, c'est Kristie qui est morte. Après 14 mois, Kristie sème le doute et ressemble de plus en plus à sa sœur dans son comportement. La mère finit par se demander laquelle des deux jumelles est morte…
Des sœurs à part entière
Un lien fusionnel n’est cependant pas nécessaire à une relation forte. Il existe de nombreux exemples de sœurs aux personnalités distinctes et aux caractères indépendants qui ont su créer une relation intense. La saga « Les sept sœurs » montre que les sœurs peuvent être des personnes à part entière, chacune dotée d’une personnalité particulière, et quand même être unies par un lien fort.
« Je suis sûre que, comme moi, il y aura une sœur en particulier à laquelle vous vous identifierez le plus, et une que vous aimerez le moins. » Lucida Riley
Dès le premier tome paru en 2015, la saga des sept sœurs a connu un énorme succès : traduite dans 40 langues et vendue à plus de 50 millions d’exemplaires, elle a même été adaptée à l’écran.
C’est l’histoire de sept sœurs adoptées et élevées dans un château au bord du lac Léman par un milliardaire, Pat Salt. Chacune des sœurs a reçu le nom d’une étoile de la Pléiade : Maïa, Ally, Star, Cece, Tiggy, Electra et Mérope. A la mort du père, chacune d’entre elles reçoit une lettre contenant des indices pour partir en quête de ses origines. Ainsi, chaque tome est consacré à une des sœurs. Le tome 3 raconte le voyage de Star, une jeune femme mystérieuse et discrète. Seulement quelques mois la séparent de sa sœur cadette Cece, une relation fusionnelle les unit fortement. Star part à la recherche de ses racines et s’éloigne donc de Cece. Elle commence une vie bien à elle en s’affranchissant de cette relation fusionnelle. Cece, femme artiste souffrant de complexes, se retrouve démunie et abandonnée après le départ de Star.
Dans cette saga, six des sœurs sont aussi à la recherche de la dernière sœur disparue. Leur quête est motivée par le fait qu'elles veulent être au complet pour rendre hommage à leur père, Pa Salt, à l'endroit de sa disparition en mer. Cette quête dévoilera aussi les liens qui les unissent et dans le dernier tome, les sept sœurs enfin réunies découvrent ensemble le passé de leur père.
Quand une sœur n‘est plus…
Le lien entre les sœurs évolue automatiquement au fil du temps, mais il subit une transformation brutale à la mort de l’une d’entre elles. Cette situation ne signifie pas la fin du lien, il se perpétue au-delà de la disparition, sous une autre forme. Tout de même, la disparition d’une des sœurs a de lourdes conséquences pour celle qui survit.
Tracy Crosswhite est une femme à l'esprit torturé depuis la disparition de sa sœur, Sarah, 20 ans plus tôt. Tracy est devenue enquêtrice pour résoudre le mystère qui plane sur la disparition de sa sœur, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Et peut-être arrivera-t-elle aussi à apaiser son sentiment de culpabilité. Ce n'est que 20 ans après la disparition que des chasseurs vont retrouver le corps de Sarah.
L'enquête de Tracy reprend alors de plus belle, car elle est convaincue que celui qui a été condamné n'est pas le véritable coupable. A travers les passages dans le passé et les souvenirs de sa sœur, on découvre Sarah. On apprend ainsi à connaître l'enfant et la jeune femme qu'elle était avant de disparaître.Toute l'enquête qui a eu lieu 20 ans plus tôt va être retracée : Le jour d'après la disparition, les suspects, le déroulement des derniers jours jusqu'au dénouement douloureux, jusqu'à ce qu'on vive à travers Sarah ce fameux moment où elle a croisé le chemin de la mauvaise personne.
Trois sœurs, trois personnalités différentes et pourtant si proches. Clara, l’aînée, est la plus raisonnable des trois. Constance, la deuxième, est une fille plutôt effacée. Quant à Lucy, la petite dernière, elle incarne l’indocile, l’immature. Clara a très jeune repris le rôle de la mère qui souffrait de troubles psychiques.Elle s'est occupée de ses deux petites sœurs, les protégeant contre les aléas de la vie. Lorsque Constance, alors âgée de 28 ans, se suicide un matin d’hiver, Clara est dévastée. Elle prend le suicidepour un échec personnel et s'effondre. Lucy, la benjamine, en état de choc, va, elle, remettre son mode de vie en question : Elle va se muer en responsable de famille et emmener son aînée à la recherche de la vérité pour comprendre le geste désespéré de Constance.Paradoxalement, c’est cette expériencetraumatique qui va amener les deux sœurs à percevoir et changer ce qui n’allait pas dans leur vie. Ce bouleversement leur permettra de prendre un nouveau départ.
Des chemins différents
Mais la relation entre sœurs n’est pas toujours rose et fusionnelle. Alors que Katniss prend courageusement la place de sa sœur Primrose dans la série « Hunger Games », certaines sœurs n’évoluent pas de la même façon et empruntent des chemins différents à un moment donné de leur vie. Dans « Le chant du rossignol », deux sœurs adultes se trouvent dans des situations familiales différentes, ce qui va engendrer des réactions bien différentes face au danger qui les menace…
C’est l'histoire mouvementée et passionnante de deux sœurs que tout oppose : Vianne et Isabelle Mauriac, nées à dix ans d’écart, qui ont perdu leur mère jeunes. Deux destins, deux sœurs si différentes qui vont se battre chacune à leur manière pour leur survie et pour leur liberté. L’une est impulsive, l'autre prudente, toutes les deux traversent la guerre en faisant preuve d’un courage incroyable.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Vianne, institutrice, s’occupe seule de sa fille alors que son mari se bat pour son pays. Elle est obligée de loger un officier allemand et est bien décidée à protéger sa fille coûte que coûte, même si elle doit se plier à l’ennemi. Isabelle, quant à elle, vient habiter chez Vianne, mais Isabelle, rebelle de nature et défiant depuis toujours toute autorité, refuse de coopérer. Pour ne pas mettre sa sœur et sa nièce en danger, elle sera donc contrainte de quitter leur village. Le chemin des deux sœurs se sépare et chacune devra trouver le courage de continuer à avancer dans ce monde en guerre, à travers les peines, la douleur, la misère et la colère.
Dans la majorité des romans, les sœurs sont souvent présentées avec des caractères opposés et se voient en conséquence octroyer des rôles complémentaires. On pardonne souvent leurs manques, car on les considère comme un tout. En revanche, les filles uniques n’ont pas le luxe de cette complémentarité. Elles compensent cette absence par une ou des amies, ou même un animal. Même le personnage fort et indépendant de Fifi Brin d’acier doit s’entourer d’animaux et d’amis pour contrebalancer sa nature explosive. Comme s’il était indispensable que les personnages féminins trouvent une âme sœur…
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