Romain Gary a reçu le prix Goncourt pour « La Vie devant soi » en 1975, ouvrage écrit sous le pseudonyme d’Émile Ajar, qu’il se plaisait à utiliser. Ayant poussé le subterfuge à l’extrême en faisant appel à un de ses cousins devant la presse, ce n’est qu’à la mort de Romain Gary que la vérité sur l’identité de cet auteur éclatera. D’ailleurs, il aura recours à d’autres pseudonymes au fil de sa carrière, à l’image de Fosco Sinibaldi pour « L’Homme à la colombe » et Shatan Bogat pour « Les Têtes de Stéphanie ».
« La Promesse de l’aube » et la postérité
« La Promesse de l’aube » demeure probablement le roman de Romain Gary le plus connu et le plus adapté au cinéma, mais aussi au théâtre. L'édition de poche totalise plus de 1,1 million d’exemplaires tirés depuis sa parution en 1973.
Les Cerfs-volants
Pour le narrateur, l'unique amour de sa vie commence lorsqu’il a dix ans, en 1930, quand il aperçoit dans la forêt de sa Normandie natale la petite Lila Bronicka, aristocrate polonaise passant ses vacances avec ses parents. Depuis la mort de ses proches, le jeune garçon a pour tuteur son oncle Ambroise Fleury dit « le facteur timbré ». La raison ? Il fabrique des cerfs-volants connus dans le monde entier.
Et au fil du temps, le petit Normand n’oubliera jamais Lila. Au contraire, il essayera d’en être digne, étudie, souffre de jalousie à cause du bel Allemand Hans von Schwede, devient le secrétaire du comte Bronicki avant le départ de la famille de Lila en Pologne, où il les rejoint en juin 1939, juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, qui l'oblige à rentrer en France. Et c’est à ce moment-là que la séparation commence pour Ludo et Lila. Et pour traverser les épreuves, défendre son pays et les valeurs humaines, mais aussi afin de retrouver son amour, Ludo sera toujours soutenu par l'image des grands cerfs-volants de son oncle, symboles de liberté.
La Promesse de l’Aube
Ce roman de Romain Gary lui a été très largement inspiré par sa relation avec sa mère, Mina Owczyńska. Dans ce livre, il fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère, ancienne actrice russe portée par un amour et une foi inconditionnels en son fils. La première partie commence par les rêveries d'un Romain mûr, se rappelant comment, par amour pour sa mère, il a décidé de défier la bêtise et la méchanceté du monde.
Dans la deuxième partie, le narrateur évoque son adolescence à Nice. Durant cette période, la mère de Romain, malgré son énergie dans l'adversité, est contrainte de demander de l'aide au père de l’auteur. C’est également une période où l’existence est heureuse, puisque Mina devient gérante de l'Hôtel-Pension Mermonts.
Enfin, la troisième partie est consacrée aux années de guerre, durant lesquelles il reçoit de sa mère d'innombrables lettres d'encouragement et d'exhortation à la vaillance. En effet, Romain Gary s’était alors engagé dans les forces françaises libres.
La Vie devant soi
Ce roman de Romain Gary, publié sous le pseudonyme d’Émile Ajar, se passe à Belleville, dans le vingtième arrondissement de Paris, au sixième étage d’un immeuble sans ascenseur. Momo a dix ans, peut-être quatorze en réalité. Cela fait beaucoup de chiffres pour un enfant qui réinvente le dictionnaire et a le sens de la maxime : « Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux. » Et, entre Madame Rosa et Momo, c'est bien plus qu’un amour maternel qui ne passerait pas les liens du sang, c'est l'amitié entre les peuples juif et arabe.
Les Racines du ciel
« Les Racines du ciel » a reçu le prix Goncourt en 1956, année de sa parution. L'histoire de cet ouvrage de Romain Gary raconte la lutte du personnage principal, nommé Morel, ses actions en faveur des éléphants qu’il cherche à sauver de l’extinction, la traque dont il est l'objet de la part des autorités, et, en parallèle, les conflits d'intérêts entre les engagements des uns et des autres. Car tandis que certains se battent pour les éléphants, pour l'indépendance, d’autres militent pour la puissance coloniale ou encore pour la sauvegarde des traditions, entre autres.
L'idée centrale défendue par Romain Gary dans ce livre demeure la protection de la nature, mais il expose aussi la protection d'une « certaine idée de l'homme » que Morel, Minna, Schölscher et d'autres illustrent tout au long du roman.
Gros-Câlin
Ce roman de Romain Gary est paru en 1974 sous le pseudonyme d’Émile Ajar. Il relate l’histoire d’un certain M. Cousin, statisticien qui cherche désespérément à combler le vide de son existence, auquel fait écho la vacuité de ses relations. Et parce qu’il ne parvient pas à trouver l’amour chez ses contemporains, il va s'éprendre d'un python adulte, capable de l’enlacer dans une étreinte puissante.
Bien entendu, la vie parisienne avec Gros-Câlin n’est pas de tout repos ni des plus simples. Objet de curiosité pour certains et horrible monstre pour d’autres, Gros-Câlin représente un obstacle supplémentaire dans la quête affective du héros.
« Lorsqu'on a besoin d'étreinte pour être comblé dans ses lacunes, autour des épaules surtout, et dans le creux des reins, et que vous prenez trop conscience des deux bras qui vous manquent, un python de deux mètres vingt fait merveille. Gros-Câlin est capable de m'étreindre ainsi pendant des heures et des heures. »