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Entretien avec Julia Kerninon : "Peut-être que ma maternité m’a donné la légitimité de m’intéresser à ce sujet"

Entretien avec Julia Kerninon : "Peut-être que ma maternité m’a donné la légitimité de m’intéresser à ce sujet"
Liv Maria

Vous avez commencé à penser à ce roman il y a quinze ans : comment expliquer un tel gouffre temporel ?

Ecrire des livres est une activité sérieuse qui demande généralement du temps. Il y a quinze ans, j’ai eu le début minuscule d’une idée – cette idée a mis quinze ans à devenir un roman qui s’appelle Liv Maria.

Liv Maria est le nom de votre héroïne, que veut dire ce nom ?

Liv signifie vie en norvégien, et Maria fait référence à la Sainte Vierge, qui protège les marins.

Ce livre se présente comme une tragédie grecque, autour de laquelle un fil est déroulé avant et après : quel a été votre cheminement pour penser la construction ?

Justement celui-ci : choisir un pitch simplissime, tragique, complexe, qui me laisserait toute liberté pour broder autour.

En réalité, l’idée de ce roman était de montrer que la Femme va bien au-delà que l’image qu’on lui attribue ?

Les idées viennent après – au départ, il y a l’envie de donner voix à des émotions.

On voit ici que la femme est aussi libre, incontrôlable, non ?

Oui, exactement.

On va suivre Liv Maria bien loin de sa Bretagne natale : ce livre aussi une ode au vertige de l’émancipation ?

Nous finissons tous par partir, d’une façon où d’une autre – nous quittons l’enfance.

Liv Maria est une mère, et dans le roman, on parle de ce tabou de n’être pas seulement mère : ce livre s’inspire de votre propre maternité ?

Peut-être que ma maternité m’a donné la légitimité de m’intéresser à ce sujet. En tout cas, je me suis indiscutablement trouvée à réfléchir à des façons de rester la personne que je pensais être, tout en assurant aussi mon nouveau rôle de mère.

Liv Maria a commis une faute grave, mais l’est-elle tant que ça dans son évolution intérieure ?

Non. Ce sont plutôt les autres qu’elle soupçonne de considérer sa faute comme terrible. Elle-même n’est pas très intéressée par les questions de bien ou de mal.

Au fond, le véritable sujet du livre, c’est le secret de nos vies intérieures ?

Il y a beaucoup de sujets dans ce livre, et moi-même je ne les saisis pas tous parfaitement. Mais oui, il y a la défense de la vie intérieure, de la vie privée, de la vie secrète.

La plupart des personnages du roman sont des amoureux des livres, comme vous. Liv Maria deviendra même libraire. Quel rapport entretenez-vous avec la mise en scène de la lecture dans vos livres ?

Elle est volontaire, politique, véhémente, nécessaire.

Vous avez grandi dans une maison remplie de livres, est-ce que devenir écrivaine vous semblait normal, à la fin ?

Certainement pas normal, mais logique, peut-être, oui.

C’est la première fois que l’un de vos livres est adapté en audio sur Audible, quel effet ça vous fait ?

Je suis survoltée ! Et j’adore la voix de Clara Bratjman.

Un conseil de livre à nous donner ?

Désintégration, d’Emmanuelle Richard.

(Crédit photo : Julien Alcacer)

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