La Pause géopolitique

De : Anne Battistoni Major-Prépa
  • Résumé

  • La Pause géopolitique est un podcast qui permet de prendre du recul sur les grands événements géopolitiques contemporains. À partir d'un événement d'actualité, ce podcast propose de mobiliser des concepts de géopolitique pour donner des clés de compréhension sur le monde qui nous entoure. La Pause géopolitique est animée par Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire, et proposé par Major-Prépa, le site de référence des étudiants en prépa économique et commerciale.
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    Épisodes
    • Les minerais, or noir du XXIe siècle ?
      Dec 16 2024

      En France, en 2022, l’ancien patron de Peugeot Citroën, Philippe Varin, a rendu un rapport sur les métaux critiques : il montre que le pays dépend à près de 100% de l’extérieur pour ses approvisionnements en métaux nécessaires à la transition énergétique. Comme bien des pays développés, la France a progressivement fermé ses mines et abandonné la filière minière pour des raisons à la fois économiques - coûts plus élevés que la concurrence - et environnementales. Certes, les ressources du sous-sol français sont limitées mais c’est aussi la filière du raffinage qui fut abandonnée. Lorsqu’un industriel a besoin de métaux, il utilise des minerais qui ont déjà subi une première transformation. Entre le produit extrait de la mine et le produit fini, se situe l’étape du raffinage qui a pour but d’extraire le précieux métal de la quantité de terre et d’autres roches avec lequel il est amalgamé. Le processus de séparation nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et est potentiellement source de grandes pollutions. Ainsi, alors que, dans les années 1980, le groupe français Rhône-Poulenc purifiait dans son usine de La Rochelle près de 10 000 tonnes de terres rares soit la moitié du marché mondial, cette activité a été pourtant progressivement abandonnée pour des raisons environnementales (des rejets radioactifs) et de coûts. Il était bien plus commode d’importer de Chine.

      Aujourd’hui, après le rapport Varin, le gouvernement cherche à reprendre la main. Le code minier a été simplifié, une nouvelle cartographie du sous-sol est en cours par le BRGM, le service géologique national, et plusieurs projets industriels sont en développement. Du côté de l’extraction, le groupe Imerys souhaite ouvrir une mine de lithium dans l’Allier tandis que le français Eramet et Electricité de France veulent exploiter du lithium issu d’eau géothermale en Alsace. C’est bien une filière qu’il faut mettre en place, ainsi dans le cas de l’Allier, le projet se décline en trois étapes, l’extraction à Echassières , un site de stockage à une quinzaine de kilomètres et une usine de conversion pour le raffinage à Montluçon à une cinquantaine de kilomètres. Et l’on reparle d’ouvrir à La Rochelle, avec le groupe belge Solvay, une usine de recyclage pour récupérer des terres rares. Mais, pour aboutir, ces projets doivent surmonter deux écueils : celui du financement d’abord, car ils sont toujours très coûteux (1 milliard d’euros pour le projet de l’Allier) ; celui ensuite du débat public qui révèle la vigueur d’oppositions diverses liées à la fois aux possibles conséquences environnementales et à l’utilité réelle du projet. L’Etat lui a choisi, il considère le projet dans l’Allier d’ « intérêt national majeur », insistant ainsi sur l’aspect géopolitique de la question.

      S’intéresser aux matières premières, c’est donc prendre en compte une question majeure de notre siècle. Le pétrole a été l’or noir du XXe siècle. Le XXIe siècle sera donc métallique : dopée par la transition verte et la numérisation de l’économie mondiale, la demande en minerais s’envole. Or la production aujourd’hui ralentit, les découvertes de nouveaux gisements se raréfient. Les États se livrent donc à une compétition féroce pour sécuriser leurs approvisionnements.
      Les ressources présentes sur terre sont-elles suffisantes pour faire face à l’explosion des besoins ? Peut-on les exploiter sans détruire la planète ? Cette manne financière profite -t-elle réellement aux Etats producteurs ou sont-ils condamnés à la « malédiction des matières premières », un concept mis en valeur déjà il y a plusieurs décennies ? Les Occidentaux pourront-ils rattraper leur retard sur la Chine dans la sécurisation de leur filière minière ?

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      43 min
    • Géopolitique du Liban : un État en voie de disparition ?
      Nov 19 2024

      Les diagnostics posés sur l’état du Liban sont souvent dramatiques. En décembre 2020, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, exprimait par cette boutade son sentiment « Pour moi, disait-il, c’est le Titanic sans orchestre ».

      Dans l’ouvrage paru en 2022, l’historien et politologue Pierre – Jean Luizard n’hésite pas à parler à propos du Liban d’un pays en voie de disparition. Aux côtés de Syrie, Irak, Yémen, Libye, il le range dans la catégorie des États faillis, que l’on peut définir comme des États qui ne remplissent pas leurs missions auprès de leur population tant dans les domaines régaliens (justice, sécurité, monnaie, contrôle du territoire) que dans la fourniture de services économiques et sociaux à leur population. En un demi-siècle, le pays a connu guerre civile, offensives et occupation israélienne et syrienne, attentats et assassinats politiques en série, vacance du pouvoir politique et multiples formes d’ingérence étrangères.

      Or ce pays dans les années 1950 ou 1960 apparaissait comme un îlot de prospérité et de coexistence réussie, on le qualifiait de Perle du Moyen-Orient, de Suisse orientale, Beyrouth était parfois surnommée le Paris du Moyen-Orient… Quoi qu'on pense de ces qualificatifs d’ailleurs, le constat est là. Le Liban va mal, et la guerre qui l’accable fait plonger un peu plus le pays dans la nuit. Pourquoi ?

      Si l’État ne fonctionne pas, serait-ce parce qu’il n’existe pas ? qu’il n’y a pas vraiment eu d'État nation libanais ? Ce pays n’est-il pas une création artificielle, coloniale qui n’a pas réussi à souder la communauté de ses habitants ? Cette explication facile fait fi des fragilités internes, comme des enjeux régionaux et des interventions étrangères dans ce pays souvent perçu comme un État tampon, hier entre l’Europe et le monde ottoman, aujourd’hui entre Israël et l’Iran. La réalité est plurielle et complexe.

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      42 min
    • Géopolitique du Japon, une puissance si discrète
      Oct 31 2024

      Le 18 septembre dernier, un triste fait divers a accru les tensions entre le Japon et la Chine. Un enfant japonais de 10 ans a
      été tué, poignardé sur le chemin de son école à Shenzhen, la grande métropole technologique et industrielle du Sud Est de la
      Chine. Celle-ci parle d’un incident isolé, mais cette attaque a eu lieu le jour anniversaire du début de l’invasion de la
      Mandchourie par le Japon en 1931 et survient 3 mois après l’attaque en juin d’un autre enfant japonais et de sa mère à un
      arrêt de bus.

      Elle s’insère dans un climat de dégradation des relations entre les deux pays. Le sentiment antijaponais en Chine
      a toujours été vivace, nourri de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Depuis un an on observe un regain des tensions et,
      le 26 août dernier, pour la première fois un avion de reconnaissance de l’Armée chinoise est entré dans l’espace aérien
      japonais. Il est vrai que le rapport de force entre les deux Etats a considérablement changé en ½ siècle : à la fin des années
      1960 le Japon était la troisième puissance économique mondiale – derrière Etats-Unis et URSS, grâce à une croissance
      économique spectaculaire, deux fois plus rapide que celle des autres pays occidentaux. À l’époque la Chine était un pays
      fermé, vivant au rythme des révolutions maoïstes, isolé dans la communauté internationale et dont les habitants vivaient
      pauvrement. En 2010 le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon alors N°2.

      Depuis, la Chine ambitionne d’être numéro 1 dans tous les domaines, développant des ambitions maritimes, elle inquiète le Japon, surtout depuis l’arrivée de Xi Jingping au pouvoir en 2013 menant une politique plus autoritaire et plus agressive. Que peut faire le Japon ?

      Dans sa Nouvelle histoire du Japon, l’historien Pierre François Souryi écrit en 2023 : « Méprisé par son principal allié les Etats-
      Unis, à peu près ignoré par les Européens, incapable de s’entendre avec son voisin russe sur une frontière communément
      admise, suscitant toujours autant d’antipathie chez son voisin sud-coréen et menacé de ses fusées par Pyongyang, tenu à
      distance par une Chine prompte à raviver les cicatrices de la guerre, le Japon est pour ainsi dire inaudible sur les grands
      problèmes du monde contemporain ».

      Le bilan est-il vraiment aussi accablant ? pour un pays qui possède pourtant maints critères de puissance ? Revenons à
      l’actualité.

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      47 min

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