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Auteur | Molière |
Publié | 1668 |
Longueur | ca. 79 Pages |
Époque | 1668 |
Lieu de l'intrigue | Paris, dans la maison d'Harpagon |
Genres | Comédie, Théâtre classique |
Temps de l'intrigue | XVIIe siècle |
Sujets principaux | L'avarice Les relations familiales conflictuelles Le mariage forcé L'amour contrarié L'argent et son influence sur les comportements humains |
Adaptations | L'Avare de Georges Méliès (1908) L'Avare, téléfilm de René Lucot (1973) L'Avare, film français de Jean Girault et Louis de Funès (1980) L'Avare (L'avaro), film italien de Tonino Cervi (1990) L'Avare, téléfilm français de Christian de Chalonge (2006) |
Note |
À propos de L'Avare
L'Avare est l'une des comédies les plus célèbres de Molière, écrite en 1668. Cette pièce de théâtre en cinq actes met en scène Harpagon, un vieillard avare jusqu'à l'absurde, dont le comportement excessif affecte profondément sa famille et son entourage. Inspirée par une œuvre antique du dramaturge latin Plaute, L'Avare est une satire mordante de l'avarice, considérée comme l'un des sept péchés capitaux.
Représentée pour la première fois au Théâtre du Palais-Royal à Paris, la pièce a connu un succès grandissant au fil du temps. Elle est aujourd'hui considérée comme un classique du théâtre français, régulièrement jouée et adaptée pour le cinéma et la télévision. À travers le personnage d'Harpagon, dont le nom évoque en grec la rapacité, Molière explore non seulement l'avarice, mais aussi d'autres thèmes comme la tyrannie familiale et les mariages forcés, offrant ainsi une critique acerbe de la société de son époque.
Intrigue de L'Avare
L'histoire se déroule à Paris et tourne autour d'Harpagon, un vieil homme riche et extrêmement avare. Usurier de son état, il vit avec ses deux enfants, Cléante et Élise, qu'il traite avec une grande sévérité. Le conflit principal de la pièce émerge lorsqu'Harpagon décide de se marier avec une jeune femme nommée Mariane, ignorant que son fils Cléante en est amoureux.
Parallèlement, Élise est amoureuse de Valère, un jeune homme qui s'est fait engager comme intendant dans la maison d'Harpagon pour se rapprocher d'elle. Harpagon, quant à lui, prévoit de marier Élise à un vieux et riche homme, Anselme, et Cléante à une riche veuve. Ces projets de mariage forcé créent une tension dramatique tout au long de la pièce.
L'obsession d'Harpagon pour l'argent atteint son paroxysme lorsqu'il enterre une cassette contenant dix mille écus dans son jardin. Lorsque la cassette est volée, il devient fou de rage et soupçonne tout le monde, y compris ses propres enfants. Cette situation mène à une série de quiproquos et de confrontations comiques.
La pièce atteint son apogée lorsque Cléante découvre la cassette et l'utilise pour négocier avec son père. Il propose de rendre l'argent en échange du droit d'épouser Mariane. Dans le même temps, l'identité véritable de Valère est révélée : il est en fait le fils perdu d'Anselme, et Mariane est sa sœur.
Le dénouement survient lorsqu'Anselme, reconnaissant ses enfants perdus, accepte de payer pour les mariages de Valère avec Élise et de Cléante avec Mariane. Harpagon, soulagé de retrouver sa précieuse cassette, consent à ces unions à condition qu'on lui paie un nouvel habit. La pièce se termine ainsi sur une note de réconciliation, bien qu'Harpagon reste fidèle à son caractère avare jusqu'au bout.
Les personnages principaux dans L'Avare
Personnages principaux
Harpagon : Personnage central de la pièce, Harpagon est un vieil homme avare et obsédé par l'argent. Son avarice excessive affecte profondément sa famille et son entourage. Il souhaite épouser Mariane, une jeune femme, tout en mariant ses enfants sans dot pour économiser de l'argent. Son comportement extrême et sa méfiance constante sont source de nombreuses situations comiques dans la pièce.
Cléante : Fils d'Harpagon, Cléante est un jeune homme amoureux de Mariane. Il se trouve en conflit direct avec son père qui veut également épouser cette dernière. Cléante représente la jeunesse et l'amour véritable, en opposition à la pingrerie et à l'égoïsme de son père. Il n'hésite pas à défier l'autorité paternelle pour défendre ses sentiments.
Élise : Fille d'Harpagon, Élise est amoureuse de Valère. Elle est prise entre son devoir filial et son amour, car son père veut la marier à un homme âgé et riche. Élise incarne la loyauté et la détermination, osant s'opposer aux plans de son père pour suivre son cœur.
Valère : Amoureux d'Élise, Valère s'est introduit dans la maison d'Harpagon comme intendant pour se rapprocher de sa bien-aimée. Il joue un double jeu, flattant l'avarice d'Harpagon tout en cherchant à gagner la main d'Élise. Son véritable statut social, révélé à la fin, contribue au dénouement heureux de la pièce.
Personnages secondaires
Mariane : Jeune femme convoitée à la fois par Harpagon et Cléante. Elle représente l'objet du désir et le catalyseur du conflit principal entre le père et le fils. Son cœur penche vers Cléante, mais elle se trouve dans une situation délicate face à Harpagon.
Frosine : Femme d'intrigue qui tente de faciliter le mariage entre Harpagon et Mariane. Elle utilise la ruse et la flatterie pour manipuler Harpagon, espérant en tirer profit. Son rôle illustre les rapports intéressés qui gravitent autour de l'avare.
Maître Jacques : domestique cuisinier et cocher d'Harpagon. Maltraité par son maître, il fait avancer l'intrigue à deux reprises, d'abord en tentant de réconcilier père et fils, puis en se vengeant de son maître.
Contexte et origines de L'Avare
Paris, théâtre de l'avarice
L'intrigue de L'Avare se déroule entièrement à Paris, au domicile du protagoniste Harpagon. La pièce offre ainsi un portrait de la bourgeoisie parisienne du XVIIe siècle, avec ses codes sociaux et ses préoccupations financières.
Bien que l'action soit concentrée dans la demeure d'Harpagon, Molière évoque à travers les dialogues d'autres lieux emblématiques de la capitale comme les jardins du Luxembourg ou le quartier du Marais, ancrant ainsi sa comédie dans la réalité urbaine de son époque.
Une comédie au cœur du Grand Siècle
L'Avare est créé en 1668, en plein règne de Louis XIV. La France connaît alors une période faste marquée par l'absolutisme royal et le rayonnement culturel. Molière, protégé du Roi-Soleil, jouit d'une grande liberté artistique pour critiquer les travers de la société.
La pièce s'inscrit également dans un contexte économique particulier. Colbert, le ministre des Finances, mène une politique mercantiliste visant à accroître les richesses du royaume. L'argent occupe une place centrale dans la société, ce qui se reflète dans l'intrigue centrée sur l'avarice d'Harpagon.
Une œuvre au carrefour des influences
Pour écrire L'Avare, Molière s'inspire de diverses sources. Il puise d'abord dans la comédie antique, en adaptant La Marmite de Plaute dont il reprend le personnage de l'avare obsédé par son trésor caché. Il s'appuie également sur la tradition de la farce médiévale française.
Molière intègre aussi des éléments de la commedia dell'arte italienne, très populaire à l'époque, notamment dans le comique de situation et certains personnages stéréotypés. Enfin, il s'inspire de la réalité sociale de son temps pour dresser une satire mordante de la cupidité.
Sur le plan personnel, Molière connaît alors une période faste. Directeur d'une troupe prospère et auteur à succès, il peut donner libre cours à son génie comique tout en abordant des sujets de société qui lui tiennent à cœur. L'Avare reflète ainsi la maturité artistique d'un dramaturge au sommet de son art.
Motifs récurrents et contexte
L'avarice d'Harpagon constitue le motif central de la pièce, autour duquel s'articulent tous les autres éléments. Cette obsession pour l'argent se manifeste de façon récurrente à travers le comportement du protagoniste, que ce soit dans ses interactions avec sa famille ou ses domestiques. La cassette contenant le trésor d'Harpagon symbolise cette avarice maladive et devient un élément clé de l'intrigue.
Un autre motif important est le conflit générationnel entre Harpagon et ses enfants. Leurs désaccords sur les questions de mariage et d'argent illustrent l'opposition entre la vieille génération attachée aux valeurs traditionnelles et la jeunesse qui aspire à plus de liberté. Ce conflit reflète les tensions sociales de l'époque de Molière, où l'autorité parentale commençait à être remise en question.
Symboles littéraires dans L'Avare
La cassette d'Harpagon est le symbole le plus évident de la pièce. Elle représente non seulement la richesse matérielle, mais aussi l'attachement irrationnel du protagoniste à ses biens. Sa perte temporaire provoque une crise qui révèle à quel point l'identité d'Harpagon est liée à sa fortune.
Le mariage forcé est un autre symbole important. Il représente le pouvoir abusif exercé par Harpagon sur ses enfants, mais aussi plus largement la façon dont l'argent peut corrompre les relations humaines. En voulant marier sa fille à un vieillard riche et épouser lui-même une jeune fille sans dot, Harpagon montre comment l'avarice peut pervertir une institution sociale censée être fondée sur l'amour.
Réception et influence
Aujourd'hui, L'Avare reste l'une des comédies les plus appréciées et jouées de Molière. Son personnage principal, Harpagon, est devenu l'archétype de l'avare dans la culture populaire française. La pièce continue d'être étudiée dans les écoles et les universités comme un classique du théâtre français, permettant d'analyser la société du XVIIe siècle et les thèmes universels comme l'avarice et les conflits familiaux.
L'influence de L'Avare se fait sentir bien au-delà du théâtre. Le personnage d'Harpagon a inspiré de nombreuses figures d'avares dans la littérature et le cinéma. On peut par exemple penser au personnage d'Ebenezer Scrooge dans « Un chant de Noël » de Charles Dickens. L'expression « sans dot », répétée par Harpagon, est devenue une référence culturelle courante en français.
La pièce continue d'être régulièrement mise en scène, avec des interprétations modernes qui actualisent son propos. Par exemple, certaines productions récentes ont mis l'accent sur la critique du capitalisme et de la société de consommation à travers le personnage d'Harpagon. D'autres ont exploré les dynamiques familiales dysfonctionnelles dépeintes dans cette comédie, les rendant pertinentes pour un public contemporain.
Parmi les adaptations récentes notables, on peut citer le film de 2006 réalisé par Christian de Chalonge avec Michel Serrault dans le rôle d'Harpagon. Au théâtre, de nombreux comédiens se sont succédé dans le rôle ; parmi eux on peut citer Michel Bouquet qui l’a interprété plusieurs fois entre 1987 et 2008. En 2022, la Comédie-Française a présenté une nouvelle mise en scène de Lilo Baur, montrant que la pièce continue d'être réinventée pour les nouvelles générations. Ces adaptations modernes témoignent de la capacité de L'Avare à rester pertinent et à captiver le public, plus de 350 ans après sa création.
Faits intéressants sur L'Avare
Le nom du personnage principal, Harpagon, vient du grec « harpagos » qui signifie « rapace », soulignant son avarice extrême.
Molière s'est inspiré d'une pièce latine de Plaute intitulée Aulularia (La Marmite) pour écrire L'Avare.
La pièce a été écrite et représentée pour la première fois en 1668, en plein règne de Louis XIV.
Contrairement à la plupart des comédies de l'époque, L'Avare est écrite en prose et non en vers.
Le personnage d'Harpagon est devenu l'archétype de l'avare dans la culture populaire française.
La pièce aborde des thèmes sociaux comme les mariages forcés et l'autorité paternelle excessive, en plus de l'avarice.
Molière lui-même a joué le rôle d'Harpagon lors des premières représentations de la pièce.
La fameuse réplique « sans dot ! » est devenue une expression courante en français pour désigner quelque chose de gratuit.
La pièce a connu de nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision, dont une version célèbre avec Louis de Funès en 1980.
L'Avare est l'une des comédies de Molière les plus jouées encore aujourd'hui, plus de 350 ans après sa création.
L'Avare sur Audible
Cette version propose une distribution exceptionnelle avec Pierre Vanick et Jean Desailly. La narration à plusieurs voix apporte une dynamique théâtrale à l'œuvre classique.
Titre | Année | Langue | Narrateur | Durée | Note |
None | Français | Pierre Vanick, Jean Desailly, Fernand Ledoux, Maurice Baquet, Catherine Sellers, Françoise Rosay | 01:46 | 4.5 / 5 |
Pierre Vaneck et Catherine Sellers incarnent les personnages principaux dans cette interprétation. Leur jeu nuancé met en valeur les subtilités du texte et l'ironie de Molière.
Titre | Année | Langue | Narrateur | Durée | Note |
None | Français | Pierre Vaneck, Catherine Sellers, Jezn Dessailly, Fernand Ledoux | 01:46 | 4.0 / 5 |
Georges Chamarat et Michel Galabru donnent vie aux personnages dans cette version. Leur interprétation comique souligne parfaitement l'aspect satirique de la pièce de Molière.
Titre | Année | Langue | Narrateur | Durée | Note |
None | Français | Georges Chamarat, Michel Galabru, Lise Delamare, Cécile Demay, Henri Doublier | 01:41 | 3.0 / 5 |
À propos de Molière
Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est l'un des plus célèbres dramaturges français. Né en 1622 à Paris, il grandit dans une famille de commerçants aisés. Après des études au prestigieux collège de Clermont, il décide de se consacrer au théâtre malgré les réticences de sa famille. En 1643, il fonde sa propre troupe, l'Illustre Théâtre, et adopte le pseudonyme de Molière.
Après des débuts difficiles dans la capitaleà Paris, Molière part en tournée en province pendant 13 ans. Cette période lui permet d'affiner son art et d'écrire ses premières pièces. De retour dans la capitale en 1658, il obtient la protection du frère du roi Louis XIV. Son talent d'auteur et de comédien lui vaut rapidement les faveurs de la cour. Il crée alors ses plus grandes œuvres comme L'École des femmes, Tartuffe, Dom Juan, Le Misanthrope ou encore L'Avare.
Le théâtre de Molière se caractérise par une satire mordante des travers de la société de son époque. Il s'attaque notamment à l'hypocrisie religieuse, à l'avarice ou encore au pédantisme. Son génie réside dans sa capacité à mêler le comique et la critique sociale, créant des personnages devenus des archétypes. Bien que certaines de ses pièces aient suscité des polémiques, Molière bénéficie toujours du soutien du roi.
Molière meurt en 1673 après une représentation du Malade imaginaire, où il tenait le rôle principal malgré sa santé fragile. Son œuvre, qui compte une trentaine de pièces, continue d'être jouée dans le monde entier et fait partie intégrante du patrimoine culturel français. Molière est considéré comme le père de la comédie française et son influence sur le théâtre reste considérable encore aujourd'hui.