“J’assume cette identité de lesbienne catholique parce que si je me cantonne à ce que j’ai retenu de la Bible et de la religion de manière générale, j’arrive à compartimenter des écrits ancestraux et les valeurs de la religion catholique (...) comme l’amour, le pardon, le don. Au-delà de la religion, c’est du bon sens.”
C’est avec ces mots étonnants que s’ouvre la série de podcasts Quouïr, produite par Nouvelles Ecoutes et diffusée l’été dernier. Rozenn Le Carboulec, journaliste, est partie à la rencontre d’hommes et de femmes LBGTQ+. Elle a sillonné la France, les villes et les campagnes, pour dresser six portraits de personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenre ou encore “genderfluid” (qui peut s’identifier indifféremment aux genres masculin et féminin).
Comment ont-elles découvert leur sexualité, leur identité ? Comment l’ont-elles accepté ? Comment ont-elles fait leur coming out ? Quelles ont été les réactions de leur entourage ? Les vécus sont très différents et les témoignages, forcément, très éclectiques.
On est touché par l’histoire de Sohan, qui s’est d’abord affirmé en tant que fille lesbienne. “Je me suis masculinisé, je me suis coupé les cheveux. Je me suis dit que ça me suffirait d’être une fille masculine. En fait, je me suis rendu compte que pas du tout.” Dans sa chambre, Sohan enfile un bandage autour de sa poitrine. Il le serre très fort pour écraser ses seins de fille, avant d’enfiler un t-shirt et de voir, pour la première fois, son torse plat. Mais son vrai coming out en tant que transsexuel prendra beaucoup plus de temps.
Parmi ces témoignages se glissent des discussions entre interviewés et leurs proches. Très touchants, ils reviennent sur des moments souvent aussi compliqués à gérer pour les familles que pour les intéressés. Comme cette lettre que la jeune Sohan avait adressé à sa soeur pour lui faire part de son mal-être et de son envie de vivre comme un garçon : “Ça m’émeut beaucoup parce que je m’en veux de ne pas l’avoir reçue comme j’aurais dû la recevoir”, avoue la jeune femme. “Je me dis que les choses auraient peut-être été différentes pour lui si, dès la première fois, il avait pu être compris et entendu.”
D’autres révélations ont eu lieu beaucoup plus tard. C’est le cas de Richard, père de famille dont la femme disait en plaisantant qu’elle préférerait qu’il la trompe avec un homme qu’avec une femme “car au moins je saurais que ce n’est pas de ma faute et que je ne pouvais pas t’apporter ce qui te manquait”. Lorsque Richard annonce à sa compagne qu’il la quitte parce qu’il est gay, cette phrase, forcément, leur revient en mémoire… et ils en rient.
Pour d’autres, comme Shyle, son coming out en tant que bisexuel et genderfluid a été un non-sujet pour lui comme pour ses proches. Ses parents l’ont toujours encouragé à faire et être ce qu’il voulait, sans réserve. Face aux autres, qui pourraient être choqués par sa sexualité, il utilise l’outrance comme moyen de défense: “J’aime bien exagérer, j’ai bien la vulgarité, ce qui n’était pas le cas quand j’étais adolescent. C’est une arme qui ne fait pas mal (...) C’est juste faire accepter les choses en montrant qu’elles existent.”
En donnant la parole à des personnes queer, en faisant entendre des parcours de vie invisibilisés et des personnalités hors du commun, Rozenn Le Carboulec lève le voile sur le monde LGBTQ+. Dans un contexte de hausse des agressions homophobes, c’était indispensable.
Dans le podcast Quouïr, un podcast produit par Nouvelles Ecoutes, six personnes qui ont fait leur coming out se confient au micro de la journaliste Rozenn Le Carboulec. Homosexuelles, bi ou trans, elles vivent aussi bien en région parisienne qu'en Loire-Atlantique ou encore dans les Alpes-Maritime. Elles racontent leur parcours, leurs difficultés et leurs joies. Des témoignages forts à mettre entre toutes les oreilles.