L’enfance algérienne
Albert Camus naît le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, aujourd’hui Dréan. Mobilisé en métropole, son père Lucien s’absente un an après sa naissance, et meurt peu après la bataille de la Marne. Catherine, sa mère, sourde et analphabète, confiera ses enfants à leur grand-mère avec le spectre d'une figure paternelle absente, qui fera l’objet d’un livre inachevé, Le Premier Homme.
Il grandit donc dans la région d’Alger, et est instantanément repéré par son instituteur, comme si son parcours était écrit d’avance. C’est d'ailleurs à lui qu’il dédiera son discours lors de la remise de son Prix Nobel en 1957. En 1930, on lui diagnostique une tuberculose, et il commence à rédiger ses carnets en 1934 après avoir épousé Simone Hié. Pendant deux années, il adhère également au Parti Communiste, puis fonde à Alger le Théâtre du Travail.
En 1936, Albert Camus reçoit son diplôme de philosophie avec, pour sujet de mémoire, "Métaphysique chrétienne et néoplatonisme. Plotin et Saint-Augustin". C’est également cette année-là qu’il se sépare de Simone Hié.
Mais peu à peu, sa carrière va se tourner vers le journalisme, qui deviendra l’une de ses principales casquettes.
C’est en 1938 que Camus entre au quotidien l’Alger Républicain, dont l’idéologie est pro-Front populaire. En 1940, il devient le directeur du journal clandestin Combat, dans lequel il publie un éditorial encore dans les mémoires sur l’usage de la bombe atomique suite aux bombardements d’Hiroshima.
De L’Étranger à La Peste, un écrivain total
Alors qu’il avait déjà écrit plusieurs textes auparavant, c’est en 1942 que son talent d’écrivain va éclore au grand jour, avec l’Étranger et Le mythe de Sisyphe.
L'Étranger est le premier roman d’Albert Camus, qui constitue une entrée en matière de son cycle de l’absurde. On l’enseigne désormais dans les écoles, et sa première phrase est devenue l'une des plus célèbres de la littérature française : “Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas”. Dans un contexte colonial d’Algérie française, L’Étranger raconte l’histoire de Meursault, un homme qui se retrouvera face à la justice après un acte irréparable.
Dans Le mythe de Sisyphe, essai philosophique, il illustre par les mots sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’homme est voué à ne pas trouver sa propre cohérence, à moins de se révolter.
C’est en 1943 qu’Albert Camus fait la rencontre de Jean-Paul Sartre, jusqu’à devenir son ami. Leur relation se termine en cataclysme une dizaine d’année plus tard, alors que Sartre vient de publier (dans sa propre revue Les Temps Modernes) un article peu élogieux sur L’homme révolté de Camus. Un clivage intellectuel avant tout, puisque leurs deux philosophies, devenues incompatibles, les pousseront à mettre fin à leur amitié.
En 1947, après avoir quitté Combat, Camus publie La Peste, qui reçoit le prix des critiques, et que l’on hisse également parmi les plus grandes œuvres de l’écrivain. L’histoire se déroule durant la période de l’Algérie française dans les années 1940, à Oran. Une épidémie de peste fait rage et coupe la ville du monde extérieur. Sous un format de chroniques, Albert Camus fait écho à la peste bubonique qui avait frappé Oran en 1945, alors même que son projet d’écriture était antérieur. Un livre prédestiné, où l’analogie au nazisme est aussi évoquée !
Camus s’impose donc d’ores et déjà comme un nom sur qui il faut compter lorsqu’on parle d’écriture !
Albert Camus et Maria Casares, une histoire d’amour inoubliable
La relation de Camus et Casares est celle d’un amour passionné, et passionnant, qui donna lieu à une magnifique correspondance mise en lumière par Isabelle Adjani et Lambert Wilson.
Tout commence en 1944, alors que les Alliés débarquent en Normandie L’actrice de 21 ans rencontre l’écrivain de 30 ans, pour une histoire qui les marquera à vie. Relation secrète et passionnelle, puisque l'auteur était marié, cet amour durera jusqu’à la mort d’Albert Camus. Il symbolisera Maria Casares dans Le Malentendu (sous la figure de Martha), même si leur passion sera essentiellement épistolaire. C’est la raison pour laquelle leur correspondance prend un air beaucoup plus symbolique, avec près de 900 lettres échangées, et une image d'un Camus plus fragile qu’il en avait l’air.
Un Prix Nobel comme une dernière révérence
Avec des prises de positions affirmées sur l’Algérie, Albert Camus est devenu un écrivain célèbre, mais aussi reconnu. C’est la raison pour laquelle il obtient, le 16 octobre 1957, le prix Nobel de littérature, pour “l'ensemble de son œuvre mettant en lumière les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes”.
Le 4 janvier 1960, Albert Camus meurt brutalement dans un accident de voiture, alors qu’il quitte sa maison de Lourmarin (dans le sud de la France) en direction de Paris. La Facel Vega de Michel Gallimard (le neveu de l’éditeur) s’enfonce dans un arbre, tuant l’écrivain sur le coup, à l’âge de 46 ans.
L’accident a lieu à Villeblevin, dans l’Yonne, et c’est ici qu’est retrouvé le manuscrit inachevé du Premier Homme, dont Camus avait confié à Maria Casares qu’il serait probablement son plus grand chef d’oeuvre. On ne publiera celui-ci qu’en 1994.
Albert Camus s’est donc imposé comme un pilier de la littérature, mais aussi de la pensée française du XXème siècle. Aujourd’hui, si ses écrits perdurent, la figure de ce grand auteur est toujours intacte. Entre théâtre, essais, romans, ou journalisme, Albert Camus touchait à tout avec brio. Il a ainsi donné son nom à plus d’un établissement scolaire en France, grâce à une oeuvre à tout jamais gravée dans les mémoires.