La gloire de mon père, les débuts d'une saga d'enfance
Marcel Pagnol a appris à lire à l’âge de trois ans. Une précocité qui fit réagit sa mère, qui lui interdit d’aller à l’école ! C’est peut-être pour ce souvenir que La gloire de mon père est née, en 1957. Ce premier tome des "Souvenirs d’enfance" raconte l’enfance de l’auteur. De sa naissance à Aubagne, en passant par les promenades au bord de l’étang avec sa tante Rose, ou encore les vacances dans la garrigue.
Le moment de la rédaction de La gloire de mon père est assez particulier pour Marcel Pagnol. En effet, alors qu’il travaillait dans le cinéma et qu’il produisait du théâtre, ces deux domaines lui deviennent de plus en plus étrangers. C’est à ce moment qu’il entame la rédaction de ce premier ouvrage.
Cet ouvrage, c’est le récit de l’enfance de l’auteur, bercé par son imagination, entre mémoires et inventions littéraires. Cet équilibre fut marqué comme l’entrée en matière d’une grande œuvre en prose par la critique de l’époque. Car ce qui fonde la puissance de ce livre, c’est bien l’universalité des souvenirs, l’aspect partagé des sentiments d’enfance, que l’on a tous un jour connus.
Et si certaines anecdotes sont criantes de vérité, d’autres sont empruntées à des sources diverses et variées. Par exemple, l’histoire de la source perdue prend son origine dans le film Manon des sources. Une inspiration externe qui a permis à Marcel Pagnol d’enrichir ses souvenirs et son histoire !
Cet ouvrage connaît alors un succès étonnant, si bien qu’il fut adapté en livre audio par l’auteur lui-même au sein de son domicile. L’enregistrement fut retrouvé dans les années 1960. On pourrait également noter que La Gloire de mon père fut adapté à l’écran par Yves Robert, au même titre que Le Château de ma mère.
Le Château de ma mère, récit d'une amitié
Deuxième tome de la saga des "Souvenirs d’enfance", Le Château de ma mère fut publié en 1957. Il sera suivi par Le Temps des secrets, puis, par Le Temps des amours. Contrairement au premier, ce livre est davantage un hymne à l’amitié enfantine.
En effet, le récit part de la relation entre l’auteur et Lili des Bellons, un jeune paysan qui nourrira sa vie et ses souvenirs. Par la suite, il fera défiler une avalanche d'anecdotes et de moments aussi tendres qu’inspirants pour les grands enfants que nous sommes.
Ce deuxième tome était, au départ, le dernier pour Marcel Pagnol, qui avait convenu de ne pas continuer la série. Et pourtant, devant la richesse et le succès de cet ouvrage, un véritable itinéraire d’enfance venait de se créer.
Au creux de cet itinéraire, des lieux clés ont marqué l’œuvre à travers le regard d’un enfant, comme le château de la Buzine, qui a inspiré le titre de l’ouvrage. Ce château marseillais était alors perçu par le petit garçon comme un château de dix étages, conçu avec pas moins d’une trentaine de balcons. Or, le regard d’enfant a tendance à extrapoler les choses, et il s’agissait là d’un château relativement classique, que l’œil de l'enfant nous fait voir sous un jour grandiloquent !
C’est peut-être là la force principale des "Souvenirs d’enfance" de Marcel Pagnol. Ils nous rappellent à quel point la vie est une évolution permanente du regard, mais nous montrent aussi que les souvenirs sont un élément fondateur d’une identité. Et si, aujourd’hui, le château de la Buzine est devenu la “Maison des Cinématographies de la Méditerranée”, il restera un lieu clé du Château de ma mère, et de l’enfance en général de l’auteur. Ce livre s’impose donc comme une belle inspiration pour les deux ouvrages qui paraîtront quelques années après, mais aussi comme un formidable terrain de jeu pour Pagnol, qui l’enregistra également en livre audio. Cette démarche montre aussi l’importance que garder une trace vocale de ses souvenirs d’enfance, et donne un bel aperçu de ce que le récit oral donne comme perspective à un roman. Et ça, c’est peut-être le plus beau des cadeaux !