Dans À propos de mon film, on suit Julie, dont on s’apprête à « faire le film » : en quoi un tel sujet méritait une série audio entière ?
Car les coulisses de fabrication d'un film sont fascinantes ! Entre le "film du film" que l'on s'imagine, et la façon concrète dont ce film se prépare, se tourne, puis se monte, il y'a un monde, que les non-initi-é-es ne connaissent pas forcément... Toutes les grandes et petites décisions que Julie va devoir prendre, du choix des décors aux seconds rôles (même le choix d'un crabe a son importance !) en passant par les égos des acteurs à gérer, l'équipe technique à choisir (une vraie famille à constituer) sa place de chef à conquérir, et la façon dont elle va peu à peu se couper de son entourage : il y'a, à mon sens, matière à fiction !
On sent bien que c’est un milieu qu’elle pénètre pour la première fois. Au fond, c’est normal de se sentir dépassé(e) par les événements ?
Tout dépend de sa personnalité ! Julie est quelqu'un de sensible, à fleur de peau, susceptible, franchement naïf et assez immature. Elle débarque un peu la fleur au fusil, sans mesurer du tout l'ampleur de ce qu'elle va avoir à affronter. Alors dans son cas, oui, ça l'est ! C'est aussi ce qui va être vecteur de comédie : sa grande inexpérience va la faire vite redescendre, et calmer sa légère arrogance.
Qu’est-ce que ça représente, faire un film, au fond ?
Faire un film, c'est imposer sa vision, et passer son temps à se battre pour elle, contre vents et marées. C'est apprendre à bien s'entourer, à composer et faire de la place à une équipe, à se faire confiance, à douter, à accepter les conseils des autres, mais aussi à taper du poing quand ça en vaut la peine. C'est aussi accepter que le film qu'on avait en tête et le résultat final n'ont parfois rien à voir, et qu'il va falloir être en paix avec ça...
Qu’est-ce que l’époque a de particulier lorsqu’on mène un tel projet ?
Avec les réseaux sociaux, on doit s'attendre à avoir un retour assez immédiat sur ce que l'on fait, et pas forcément tendre. Il faut s'y préparer. Et puis on arrive après plein de grands noms de réalisatrices et réalisateurs avant nous, c'est parfois un peu inhibant. En France, le premier film est capital pour la carrière d'un-e auteur-e : c'est censé être "un cri", et on ne pardonne pas les ratages. D'où une pression certaine...
Pour incarner cette série, votre ligne directrice était l’humour, mais quoi d’autre ?
C'est une comédie de "coming of age", soit un passage à l'âge adulte. Il fallait de l'humour, mais aussi de l'émotion, de la tension. Julie va grandir au fil des épisodes, et accepter de faire,-un peu- de place aux autres. Pas trop quand même hein.
Créer une fiction sonore, en exclusivité pour Audible, quel challenge ça représentait ?
Il faut réussir à divertir et à donner envie d'écouter la suite avec pour seule matière la matière sonore, ce qui est un sacré défi ! Travailler sur des ambiances sonores, mais aussi des musiques fortes (décicace à Gaspard Royant qui signe la musique du programme) et être particulièrement concentré sur la direction d'acteur. C'est aussi l'un des grands avantages de la réalisation d'une oeuvre sonore : on peut se concentrer exclusivement sur le jeu des acteurs sans être parasité par la technique !
Mettre ses mots en audio, ça change quoi lorsqu’il n’y a pas d’images, lorsqu’il n’y a que la langue pour transmettre des idées, des émotions ?
Il faut miser sur le pouvoir de suggestion de l'audio ! Des silences, des ruptures, des petits bruits de bouches... "A propos de mon film" est une série de "débrief" au téléphone, il s'agit donc de recréer le mieux possible tout ce que la voix peut trahir au téléphone (angoisse, joie, trouble, mauvaise foi...)
Vous êtes vous-mêmes « consommatrice » de livres audio ?
Plutôt de podcasts ! Je suis une inconditionnelle des "Pieds sur terre" de Sonia Krolund, et de "Switched on Pop", un podcast américain qui décrypte les succès des tubes, que ce soir Katy Perry ou Beethoven.
Pour finir, un petit livre coup de cœur à nous conseiller ?
J'ai adoré Saturne de Sarah Chiche, qui est sorti l'été dernier. Il y est question de fantômes et de mélancolie. Mais aussi de lumière et de joie salvatrice. Ca me parle.