Une jeunesse houleuse
Si Virginie Despentes a déjà fait partie du jury de différents prix prestigieux en France (le prix Femina ou le prix Goncourt), son parcours n’était pas tout tracé. Née en 1969 à Nancy, son véritable nom est Virginie Daget. À l’âge de 25 ans, elle optera pour le pseudonyme qu’on lui connaît aujourd’hui.
Virginie Despentes avait une âme de rebelle, âme que ses premières lectures, sa volonté de faire grève, ou sa brutalité à l’école traduisaient. C’est cette mise à l’écart qui lui a d’ailleurs valu le surnom de “Bulle” par ses camarades de classe.
L’écriture est entrée dans sa vie grâce à un professeur de français, qui, dans une certaine perspective, a permis à Virginie Despentes d’être l’écrivaine que l’on connaît aujourd’hui. Mais son parcours n’était pas tout tracé !
En effet, à l’âge de 15 ans, elle est placée en hôpital psychiatrique. Cette mise à l’écart lui fait découvrir une certaine violence, mais entraîne également sa déscolarisation. Commence alors une certaine vie de bohème, jusqu’à l’année 2006. Cette année-là, Virginie Despentes subit un viol qui deviendra une matière littéraire fondatrice, notamment dans King Kong Théorie ou Baise-moi.
Elle passe son diplôme du bac en candidate libre, et s’inscrit en école de cinéma à Lyon. Seule dans son foyer, elle sombre dans une forme d’alcoolisme, et enchaîne différents petits boulots, tels que vendeuse dans un disquaire. Cet épisode n’est pas sans nous rappeler sa célèbre trilogie Vernon Subutex, qui mettra en scène un personnage du même rang.
Au cours de sa jeunesse, Virginie Despentes fréquente également les milieux punks, mais aussi les peep shows, où elle travaille, ou encore les squats parisiens. Une vie entre le collectif et la révolte, qui donnera naissance à son premier roman, massivement refusé par le milieu littéraire : Baise-moi.
Baise-moi, le début d’une carrière
Refusé par bon nombre d’éditeurs, le manuscrit de Baise-moi est finalement publié par Florent Massot en 1994. Cet éditeur prend le risque de publier cet ouvrage au style cru, qui ne sera d’abord diffusé que dans un microcosme culturel.
Son nom d’autrice, Virginie Despentes, fait référence aux pentes de la Croix-Rousse, où elle avait passé une période de sa vie. Porgressivement, Baise-moi trouve son public, et devient un véritable succès de librairie, mais aussi un phénomène médiatique. En 2000, il sera même adapté en film, et sortira dans une soixantaine de salles françaises.
Ce premier roman marque donc l’ascension d’une écrivaine, une vraie, mais aussi le début d’une certaine popularité. Entre provocation et attrait collectif, Despentes s’impose peu à peu comme une autrice de renom. En témoigne son troisième roman, Les Jolies Choses, qui reçoit le Prix de Flore en 1998 et le Prix littéraire Saint-Valentin.
Une célébrité grandissante
Après une période de silence, les années 2000 marquent le retour populaire de l’écrivaine. Devenue lesbienne à 35 ans, elle s’installe à Paris, et écrit de nombreuses œuvres qui marqueront profondément son public.
Parmi elles, Bye Bye Blondie (en 2004), King Kong Théorie (en 2006, qui deviendra un essai majeur de la réflexion féministe), ou encore Apocalypse Bébé, publié en 2010, qui recevra le Prix Renaudot.
C’est en 2015 que le succès le plus large survient, lors de la publication de la série Vernon Subutex. Cette œuvre se compose de trois volumes, respectivement publiés en janvier 2015, juin 2015, et 2017. Le premier volume obitendra le prix Landerneau, le prix Anaïs-Nin et le prix La Coupole.
En 2016, elle est élue à l’Académie Goncourt, intuiton prestigieuse en France, et en démissionnera en janvier 2020. Car au-delà d’être une écrivaine remarquable, Virginie Despentes est aussi une femme d'engagement.
Une écrivaine engagée
Si ses livres ne connaissent pas la censure, le style de Virginie Despentes est à l’image de la femme : entier, et combattif. En effet, l’écrivaine prend part à différents combats, entre le refus des conventions (comme en témoigne sa démission de l’Académie Goncourt) et les engagements féministes.
Parmi ces derniers, on pourrait citer sa signature de l’Appel des 58 en 2015, afin de continuer à manifester pendant l’état d’urgence de l’époque, mais aussi ses différentes prises de position médiatiques.
Une des plus célèbres reste sa tribune de soutien rédigée dans le journal "Libération", suite à la cérémonie des Césars 2020. Dans cette tribune, elle affirme toutes les valeurs qu’elle porte en elle depuis de nombreuses années, avec cette phrase devenue marquante : “Désormais, on se lève et on se barre”.
Dans cette optique, Virginie Despentes est membre du collectif 50/50, dont l’objectif est de promouvoir une certaine égalité des sexes dans le cinéma et l’audiovisuel.
Une femme de lettres donc, mais aussi une artiste engagée, qui lie son œuvre et ses gestes comme personne, pour encore longtemps !
Crédit photo : Alexandre MARCHI