La solitude comme une souffrance
Dans l’imaginaire commun, la solitude peut facilement être considérée comme un sentiment négatif, et parfois même, comme une souffrance. Un enjeu dramatique évident, que la fiction met en scène de la plus belle des manières. Car si une sensation permet de se plonger corps et âme dans une histoire, c’est bien la solitude ! En témoigne le chef-d'œuvre de Gustave Flaubert, Madame Bovary, qui met en scène une femme promenant sa solitude partout avec elle, au fil de sa vie. Une dualité entre rêve amoureux et principe de réalité, qui met en relief un spleen, une tristesse, une blessure.
Dans une autre perspective, la solitude peut également faire écho à nos vies, parfois si entourées, mais dans lesquelles on peut se sentir seul(e) au monde. Dans La vie ordinaire, Adèle van Reeth met en lumière ce sentiment de ne plus savoir par où s’accrocher, entre les événements de la vie quotidienne et les grands moments d’une existence. Même si la solitude porte en elle des atouts non négligeables, elle peut également être le sel de la souffrance qu’endurent certains personnages, et donner à réfléchir à ce qui, au fond, fonde vraiment nos vies ordinaires.
Le monde contre soi
La solitude, c’est également le sentiment que rien ne tourne rond, que tout le monde est braqué contre soi-même. Tout le monde, et parfois même le monde entier. Les univers citadins sont, en ce sens, parfaits pour développer ces sensations de perdition, de solitude extrême face à un monde qui tourne et frémit autour de nous. Dans Les heures souterraines, Delphine de Vigan dévoile un Paris bouillonnant, et deux personnages en détresse totale, où la douceur n’a pas son mot à dire. De quoi révéler toutes les intériorités...
Et si la solitude peut être un thème éminemment contemporain, elle a également donné naissance à des figures classiques de la littérature, à l’instar du Dernier jour d’un condamné. Victor Hugo nous y raconte, sous la forme d’un monologue interne, les dernières heures d’un homme condamné à la peine capitale. La solitude comme une souffrance, oui, mais aussi comme la sensation que le monde s’est ligué contre nous. Un récit poignant, qui met parfaitement en exergue ce qu’être seul(e) a de plus dérangeant.
Un retour à soi
Bien loin de tout cela, la solitude peut également être le terreau fertile pour se sentir bien, et même mieux, face au monde qui nous entoure. En effet, si nos vies sont menées de telle sorte que nous ne sommes jamais concrètement seul(e)s, certains prennent le parti de créer une bulle de solitude, à l’instar de Sylvain Tesson. Avec Dans les forêts de Sibérie, l’écrivain nous raconte son parcours initiatique près du lac Baïkal, où, pendant six mois, il a vécu comme un ermite. Une vision parfois extrême de la solitude, qui permet toutefois de prendre conscience de sa place sur terre, et de la chance promise par la vie de nous avoir mis(e) sur son passage.
Sur le même principe, le skipper français Sébastien Destremau nous raconte, dans Seul au monde, sa participation au Vendée Globe, sa mise à part de sa vie d’avant pour se construire lui-même une histoire. Plus qu’un récit de solitude, plus qu’un récit d’aventure, ce livre audio est d’abord le récit d’une victoire contre soi-même, avec et pour le monde.
La solitude dans le couple
Bien souvent, le fait d’être à deux fait ressortir les solitudes. Le manque de temps pour soi, la position physique de ne pas pouvoir s’échapper, les contraintes du duo, autant d’éléments qui, s'ils sont positifs dans l’absolu, mettent quelquefois en valeur certains manques. Loin d’être une privation de liberté, le manque de solitude peut d’abord être vu comme un enjeu personnel, que la fiction a pris à bras le corps pour la transposer dans des histoires universelles.
Et, à contrario, la solitude en amour peut être perçue comme la plus grande des souffrances. Voir partir l’être cher nous ramène à ce que l’on est, un être seul(e), accroché à plus rien sauf à ses pensées. C’est ce que l’on voit dans certains classiques comme Roméo et Juliette, de William Shakespeare, ou encore dans L’Écume des jours de Boris Vian, où l’idée de solitude est perçue comme un drame qui approche lentement.
Certains livres audio peuvent venir théoriser ces sensations, et mettre à plat ce que l’on savait sans jamais comprendre comment le formuler. On peut parfois se perdre dans une vie routinière, où aucune place n’est faite à la solitude, sans jamais s’en rendre compte. Car au final, le plus beau, dans la solitude de couple, c’est bel et bien d’être seuls ensemble, non ?