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Entretien avec Sophie Henrionnet : "Nous sommes toutes et tous dans la moyenne de quelque chose"

Entretien avec Sophie Henrionnet : "Nous sommes toutes et tous dans la moyenne de quelque chose"
Tout (n')est (pas du tout) sous contrôle

Vous étiez chirurgien-dentiste, comment passe-t-on au statut d’écrivaine ?

On tente et on y croit ! J’ai envoyé des manuscrits par la poste et ai eu la chance de voir mes deux premiers romans ainsi rencontrer une vie éditoriale.

Dans la plupart de vos histoires, vous représentez la société actuelle grâce à la fiction. Qu’est-ce cette dernière vous permet de dire, de faire ?

La fiction est pour moi synonyme de grande liberté. Bien entendu, je puise également dans mon quotidien et dans les expériences, personnelles ou non, ensuite tout est question de dosage. Qu’il s’agisse de thèmes légers, lorsque j’écris une nouvelle ou une comédie, ou bien en littérature plus générale, j’aime laisser les personnages prendre le contrôle de la trame, le grand avantage de la fiction. Tout est alors possible: les lieux, les ambiances, les époques, les situations !

Une histoire qui fonctionne chez vous, ça repose sur quoi?

Un ou plusieurs personnages forts. Une intrigue principale soutenue par d’autres, plus accessoires, mais qui donnent un rythme particulier. Une musicalité, à bien y réfléchir, aussi bien concernant le vocabulaire que le ton.

L’humour, et même l’humour noir, que vous utilisez souvent, c’est un ressort qui vous sert à quoi ?

C’est ma bouée de sauvetage personnelle ! J’en use et en abuse, dans la vie comme dans les romans. C’est en effet un ressort essentiel qui permet tantôt de dédramatiser, tantôt de glacer. J’aime en distiller par petites touches, qu’elles soient inattendues en plein drame ou qu’il s’agisse de plus grosses ficelles. Ici encore tout est affaire de dosage : il est presque question de recette de cuisine !

Ces comédies acides, c’est aussi ce que vous aimez lire en tant que lectrice ?

Je suis très friande de comédies de mœurs ou situations tragicomiques. Je suis absolument fan de Fabrice Caro par exemple.

Broadway

Pourrait-on dire que vous avez une écriture cinématographique ?

Si c’est le cas, je crois qu’on peut difficilement me faire plus plaisir ! C’est de cette façon que je fonctionne pour tout vous dire, je visualise les scènes avant de les écrire. Mes périodes d’écriture sont souvent précédées d’une phase quasi méditative ou je pense au point de vue et à la façon dont doivent légitimement réagir mes personnages, en fonction des caractéristiques psychologiques qui leur sont propres.

L’héroïne de Drôle de karma (qui vient de paraître en livre audio) est une héroïne moderne, attachante également : c’est important pour vous de pouvoir s’identifier à vos personnages, au-delà de la fiction ?

Je suis persuadée qu’un héros, qu’il soit odieux ou adorable, doit adopter et emporter très vite le lecteur, le faire adhérer aux évènements qu’il rencontre. La particularité de Joséphine, l’héroïne de DDK, est qu’elle est
« épouvantablement » moyenne, j’en ai fait la ligne directrice de ce roman et il apparaît que nous sommes toutes et tous dans la moyenne de quelque chose et donc que ce concept parle à beaucoup.

Vous avez également écrit des nouvelles dans Y aura-t-il trop de neige à Noël ?. Qu’est-ce que le format court - particulièrement adapté à l’audio - vous permet davantage?

La nouvelle est un exercice à part. Il faut un sujet assez original ou fort et une fin inattendue. Il y a un côté très challengeant dans la nouvelle, car il est nécessaire de créer un univers en un nombre réduit de signes.

Avez-vous des habitudes d’écriture ?

En musique, quasi systématiquement. Avec des albums bien particuliers et en boucle pour certains romans ! Ensuite, des phases de réflexions/concentrations avant de me lancer, ce modus operandi me donne la sensation d’être au plus juste et au plus près des ressentis des personnages.

En tant qu’écrivaine, avez-vous des inspirations ?

La peinture et les biographies historiques. Je passe des heures à errer seule dans les musées.

Voir vos histoires incarnées en livre audio, quel effet ça vous fait ?

Je suis toujours terriblement émue ! Le premier à avoir « trouvé voix » a été Vous prendrez bien un dessert et je me souviens avoir presque été intimidée d’écouter Benoit Allemane donner vie à mes personnages. J’ai eu la sensation que mes mots s’en trouvaient coloriés ! Vraiment une grande joie…

Pensez-vous que l’audio peut être une nouvelle manière de découvrir la littérature ?

Absolument ! Je pense déjà au non ou mal voyants, bien entendu, mais ensuite aux modes de vie qui évoluent. L’usage des smartphones dans les transports en commun notamment, les trajets à pied, en voiture.

Quels sont vos projets en ce moment ?

J’en ai beaucoup et dans des registres différents. Tout d’abord deux romans et un roman graphique, ensuite une pièce de théâtre. Et puis, l’écriture d’une web-série et d’un scénario !

Un coup de coeur littéraire à nous partager ?

Florent Oiseau dont je viens de lire les trois romans d’une traite ! À découvrir !

Drôle de karma
Vous prendrez bien un dessert ?

(Crédit photo : Anita Nouteau)

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