Parmi la panoplie de personnages du Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien, Boromir est probablement l’un des plus intrigants. Fils de l’intendant du Gondor Denethor, Boromir n'est présent que dans une petite partie de la trilogie. Il apparaît pour la première fois au Conseil d'Elrond et meurt avant la fin du Livre Un, La Communauté de l'Anneau. Bien qu’il soit le seul personnage principal à mourir si tôt dans la saga, son rôle est significatif dans le récit.
En effet, Boromir ne figure que dans les 200 premières pages mais il n’en est pas moins un personnage complexe qui incarne un rôle plein de contradictions. Tolkien l’utilise pour illustrer le terrible pouvoir que l'Anneau a sur les hommes, mais Boromir est bien plus qu'un simple pion au service du récit : c’est un personnage aux traits multiples, tantôt orgueilleux, tantôt loyal et impulsif, qui éprouve un attachement profond pour sa maison du Gondor.
Le Seigneur des Anneaux repose sur une aventure épique, bercée par une guerre permanente entre le bien et le mal. Et la distinction s’incarne clairement dans de nombreux cas : le Seigneur des Ténèbres Sauron symbolise le mal incarné, tandis que Gandalf et Aragorn représentent la bonté ultime et la sagesse royale. Où se situe Boromir dans tout ça ? Eh bien, son cas est un peu plus complexe. Son personnage incarne une dualité entre le bien et le mal, fondée sur une histoire personnelle qui nous rappelle ce que signifie le fait même d’être humain : faire des erreurs et réessayer, chercher la rédemption et le pardon, même face à la mort.
Attention : cet article révèle une partie de l’intrigue de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Qui est Boromir ?
Boromir était le fils aîné de Denethor II, le dernier intendant dirigeant du Gondor. Né dans la ville de Minas Tirith, il est un héritier de l'intendance très attaché à la gloire du Gondor d'autrefois. Boromir perd sa mère, Finduilas, alors qu'il n'a que 10 ans et doit alors s’occuper de son jeune frère, Faramir, du mieux qu'il peut.
Boromir devient ensuite soldat du Gondor, puis leader. Alors que l'ombre du Mordor s'étend de plus en plus, il combat dans de nombreuses batailles pour protéger sa ville du mal. Il est l'un des rares survivants de la première bataille d'Osgiliath, lorsque la ville tombe aux mains des forces du Mordor. « Par nos valeurs, les peuples sauvages de l'Est sont toujours retenus et la terreur de Morgul, tenue à distance », déclare-t-il au Conseil d'Elrond lorsqu'il arrive là-bas, à la recherche de réponses.
La personnalité de Boromir
Boromir est un guerrier fort et estimé : il est fier et vaillant. Dans l'appendice du Seigneur des Anneaux qui apparaît à la fin du Retour du roi, Tolkien le décrit ainsi : ‘’Boromir avait le visage et la fierté de son père, mais c'était un homme d'autrefois, semblable au roi Eärnur, ne prêtant pas attention aux femmes et se délectant principalement des armes ; intrépide et fort, mais se souciant peu de l'amour, à l'exception des récits de vieilles batailles.’’
Boromir devient majeur à une époque où le Gondor est constamment en guerre. Il se tourne donc tout naturellement vers l'héroïsme et la bataille. Sa croyance en la force des hommes et en la puissance des armes le prédispose à succomber à l'influence de l'Anneau. L’Anneau travaille son mal en jouant sur les peurs et les désirs secrets de ceux qu'il cherche à contrôler. Boromir, un homme formé pour défendre sa ville, héritier du trône mais pas roi lui-même, est facilement influencé par son pouvoir de séduction.
Armes et capacités de Boromir
Boromir est un guerrier entraîné, connu dans la ville de Minas Tirith comme le capitaine de la Tour Blanche. Il porte une épée et un bouclier, qu'il manie tous deux avec force et prouesse. Il arbore fièrement la Corne du Gondor, un héritage de l'Intendant du Gondor, transmis de père en fils. La légende raconte que si cette corne sonnait n'importe où dans le royaume de Gondor, elle serait entendue. Boromir l’utilisera peu de temps avant sa mort, cherchant de l'aide alors qu'il est seul face aux Orcs. Après sa mort, Aragorn, Legolas et Gimli poseront cette corne, ainsi que l’épée et le bouclier de Boromir dans son bateau funéraire.
Les relations de Boromir
Denethor
Boromir était aimé de son père, Denethor, malgré leurs nombreuses différences. Denethor était un homme sage et studieux, astucieux et capable de comprendre les gens qui l’entouraient. Bien que Denethor et Boromir n'interagissent pas dans le livre lui-même, Denethor indique à plusieurs reprises à quel point il aimait Boromir et à quel point il lui manque profondément. En parlant avec son fils cadet, Faramir, dans Le Retour du Roi, Denethor admet qu'il aurait souhaité un destin différent - que Faramir soit mort à la place de Boromir. « Car Boromir m'était loyal et n'était pas l'élève d'un sorcier », dit-il. « Il se serait souvenu des besoins de son père et n'aurait pas gaspillé ce que la fortune lui a donné. Il m'aurait apporté un cadeau puissant. »
Cette référence à l'Anneau met en évidence un point de similitude entre Boromir et son père, qui désiraient tous deux s’emparer de l'Anneau.
Faramir
Bien que les films de Peter Jackson mettent en évidence la relation tendue entre Faramir et Boromir, dans les livres, les deux frères sont décrits comme étant proches. Faramir est, comme décrit dans Le Retour du Roi, « doux dans son comportement et un amoureux des traditions et de la musique ». Malgré leurs différences, les deux frères se soucient profondément l’un de l’autre.
« Pourtant, entre les frères, il y avait un grand amour, et ce depuis l'enfance », écrit Tolkien dans l'appendice du Seigneur des Anneaux (qui apparaît à la fin du Retour du Roi). « Aucune jalousie ou rivalité n'avait surgi entre eux depuis, que ce soit pour la faveur de leur père ou la louange des hommes. »
Au Conseil d'Elrond, Boromir déclare qu'il a entrepris le voyage à Fondcombe par désir de protéger son frère. Et, après la mort de Boromir, Faramir dit à Denethor: « Puisque Boromir vous a été volé, j'irai faire ce que je peux à sa place - si vous l'ordonnez. » Faramir pleure la mort de son frère, tout en luttant pour être à la hauteur de l'image que son père avait de lui.
Aragorn
Aragorn et Boromir, non liés par le sang mais unis dans leur amour du Gondor, étaient les deux seuls hommes à partir avec la Compagnie de Fondcombe. Lorsque Boromir rencontre Aragorn pour la première fois au Conseil d'Elrond, il se méfie immédiatement. Aragorn est l'héritier d'Elendil, dernier roi du Gondor, et le seul homme capable de récupérer le trône des intendants. Boromir doute de ses compétences et de la lignée d'Aragorn : « Peut-être que l'épée qui était brisée peut encore endiguer la marée - si la main qui la manie a hérité non seulement d'un héritage, mais des nerfs des Rois des Hommes », dit-il à Aragorn dans La Communauté de l'Anneau.
Mais au cours de leurs voyages ensemble, un climat de respect s’installe entre Boromir et Aragorn, alors même que le désir de Boromir pour l'Anneau se renforce. Il exprime des doutes sur certains des choix d'Aragorn, mais suit toujours son exemple, s'en remettant à lui lorsqu’il est la tête de la Compagnie après la chute de Gandalf.
Dans Les Deux Tours, lorsque Frodon et Sam rencontrent Faramir, et après en avoir appris davantage sur l’histoire de Boromir, Frodon s’adresse à Faramir pour lui expliquer que Boromir a toujours traité Aragorn comme un ami.
Aragorn est aux côtés de Boromir lorsqu’il meurt. Malgré les tensions entre les deux personnages, Boromir meurt dans les honneurs et Aragorn reconnaît qu’il était un homme et un guerrier vaillant.
Les moments clés de Boromir dans Le Seigneur des Anneaux
Le Conseil d'Elrond
Lors des événements de La Communauté de l'Anneau, Boromir a quarante ans, cinq ans de plus que son frère Faramir. Il entreprend un long et dangereux voyage à Rivendell en quête de sagesse et des conseils d'Elrond concernant un rêve étrange que lui et son frère ont partagé. Dans le rêve, une énigme leur est parvenue, parlant de Fondcombe et de l'Anneau en termes codés. Au Conseil, il décrit les batailles que son peuple mène contre le Mordor et la sombre situation dans laquelle il se trouve. Après avoir appris la vérité sur l'Anneau, il déclare qu'il devrait être amené à Minas Tirith pour être utilisé comme une arme contre les Ténèbres. Il renoncera rapidement, mais c’est durant ce passage que Tolkien installe le conflit qui sera au centre de l'histoire de ce personnage : Boromir luttera contre son désir pour l'Anneau jusqu'à sa mort.
La Compagnie de l’Anneau
Au cours des périlleux voyages de la Compagnie dans La Communauté de l'Anneau, Boromir se comporte en guerrier inébranlable et protecteur des Hobbits. Il combat vaillamment dans diverses batailles : quand la Compagnie est attaquée par des loups juste à l'extérieur des Portes de la Moria par exemple, ou encore lors de sa rencontre avec des Orcs et un troll des Cavernes. Il aide à transporter les Hobbits en lieu sûr lors de leur tentative ratée au col de Caradhras, se frayant un chemin à travers la neige.
Bien qu'il exprime parfois des doutes sur le leadership de Gandalf et d'Aragorn, il finit toujours par s’en remettre à ces derniers. Son désaccord le plus notable avec Aragorn se produit juste avant que La Compagnie n'entre dans la Lorien. Boromir, ayant entendu des rumeurs sur le pouvoir de Galadriel, hésite à s'aventurer dans les bois. Aragorn lui explique que la forêt est vierge de tous maux, à moins qu'un homme ne l'apporte lui-même. Une vérité qui se confirme pour Boromir puisque c'est en Lorien que son désir pour l'Anneau prend le dessus.
Comment meurt Boromir ?
Boromir meurt à la fin de La Communauté de l'Anneau en défendant Merry et Pippin des Orcs. Alors que la Compagnie décide de la voie à suivre, Frodon erre dans les bois, luttant pour rassembler assez de courage pour se rendre au Mordor et détruire l'Anneau. Boromir le traque et essaie de lui prendre l'Anneau de force. Peu de temps après, Frodon s'enfuit, apeuré.
Plus tard, lorsque les Orcs envahissent la Compagnie alors dispersée, Boromir se lance dans une dernière lutte : tenter de sauver Merry et Pippin de la capture. Il est tué par les flèches des Orcs et meurt après s'être repenti de sa tentative de s’emparer de l'Anneau.
Qui a tué Boromir ?
Boromir est tué par l'Uruk Lurtz, l’un des Orcs, criblé de trois flèches dans le corps. Il meurt à la fin du premier film de la trilogie, et au début du deuxième tome de Tolkien.
Où est mort Boromir ?
Boromir meurt à Amon Hen (ou « colline de l'Œil » en français), une colline de la Terre du Milieu décrite dans l'œuvre de Tolkien.
L'Anneau corrompt-il Boromir ?
Oui. L'Anneau se nourrit du mal, de l'incertitude, de la peur et de la cupidité. C'est une force corruptrice. Alors naturellement, Boromir, un homme avide de pouvoir qui croit en la puissance des armes par-dessus tout, tombe facilement dans son piège. Son désir pour l’Anneau ne cesse de croître jusqu'à ce qu'il ne puisse plus l'ignorer, et qu’il finisse par se retourner contre Frodon.
Lorsque Boromir essaie de voler l'Anneau à Frodon, une vague de folie l'envahit. Il s’en prend au Hobbit, exigeant qu'il lui remette l'Anneau immédiatement et s’agite de plus en plus. Il en oublie même la présence de Frodon, imaginant les grandes œuvres qu'il pourra entreprendre avec le pouvoir de l'Anneau, se considérant déjà comme un « roi puissant, bienveillant et sage ». Lorsque Frodon refuse de lui céder l’Anneau, il s’en prend au Hobbit en le traitant de « misérable escroc » et sous-entend qu'il va tous les trahir en apportant l'Anneau directement à Sauron. « Ce n'est pas le vôtre », déclare Boromir. « Cela aurait pu être le mien. Ça devrait être le mien. Donne-le-moi ! ». Cet accès de rage n’est pas commun chez Boromir, qui est un personnage gentil et plutôt calme. Après la fuite de Frodon, Boromir se rend compte qu'il a succombé au pouvoir de l'Anneau. « Qu'est-ce que j'ai fait ? » dit-il. « Une folie s’est emparée de moi. » Il essaie de rappeler Frodon pour s'excuser, mais il est déjà trop tard.
Boromir parvient-il à se racheter ?
Après ce terrible incident, Boromir rentre et avoue à Aragorn avoir vu Frodon dans les bois. Ils décident alors de partir à sa recherche. Aragorn demande à Boromir de suivre Merry et Pippin, et Boromir s’exécute. Lorsque les Orcs les rattrapent, il défend les Hobbits jusqu'à la mort.
Quand Aragorn le trouve, blessé et mourant, Boromir se repent. Dans une scène émouvante, Boromir admet qu'il a essayé de voler l'Anneau à Frodon, et supplie Aragorn de se rendre à Minas Tirith à sa place. Malgré ses erreurs, malgré la douleur qu'il a causée et la corruption de l'Anneau, Boromir trouve la paix avant de mourir.
Dans le livre, Tolkien rend la rédemption de Boromir encore plus claire. Aragorn, Legolas et Gimli placent le corps de Boromir dans un bateau et l'envoient sur l'Anduin. Le bateau descend la rivière jusqu'au Gondor, où Faramir l’aperçoit. Il se confie alors à Frodon : « Qu'il ait commis des erreurs ou non, j'en suis sûr, mon frère est mort en accomplissant une bonne action. Son visage était encore plus beau que lorsqu’il était en vie. »
Boromir était-il un homme bon ?
Bien que le contraste entre le bien et le mal soit plutôt clair dans le Seigneur des Anneaux, les lignes entre ces deux entités s'estompent avec le personnage de Boromir : un homme bon, corrompu par le mal de l'Anneau. Ses conflits intérieurs et ses défauts mettent en évidence l'attrait mortel de l'Anneau, face aux démons de la nature humaine. De tous les personnages de la Compagnie, Boromir est probablement le plus humain. La lutte intérieure continuelle du personnage ainsi que sa rédemption tardive touchent particulièrement le lecteur qui peut s’identifier à ces aspects universels de la condition humaine. Il représente le meilleur de la nature humaine… mais aussi le pire.
Les meilleures citations de Boromir
« Pourquoi parlez-vous toujours de vous cacher et de détruire ? Pourquoi ne pourrions-nous pas penser que l’Anneau est arrivé entre nos mains pour nous servir à l'heure même où nous en avons le plus besoin ? » - La Fraternité de l'Anneau
« Mais j'ai toujours laissé chanter ma corne en partant, et même si par la suite nous devons marcher dans l'ombre, je n'irai pas comme un voleur dans la nuit. » - La Fraternité de l'Anneau
« Quand les têtes sont perdues, les corps doivent servir, comme on dit dans mon pays. Les plus forts d'entre nous doivent chercher la voie. » - La Fraternité de l'Anneau
« Contre ma volonté, nous avons fléchi sous les ombres de la Moria, à notre perte. Et maintenant nous devons entrer dans le Bois d'Or, dites-vous. Nous avons entendu parler de cette dangereuse terre à Gondor, et on dit que très peu en sortent; et de ce petit nombre aucun n'est sorti indemne. » - La Fraternité de l'Anneau
« Les hommes de Minas Tirith n’abandonnent pas leurs amis dans le besoin. » - La Fraternité de l'Anneau
« L'Anneau ! N'est-ce pas un destin étrange que nous souffrions de tant de peur et de doute pour une si petite chose ? Une si petite chose ! » - La Fraternité de l'Anneau
« Les hommes sincères ne seront pas corrompus. Nous, hommes de de Minas Tirith, avons subi de longues années d'épreuves. Nous ne désirons pas acquérir le pouvoir des seigneurs-sorciers, seulement la force de nous défendre, la force dans une cause juste. Et voici ! Dans notre besoin, le hasard met en lumière l'Anneau de pouvoir. C'est un cadeau, dis-je, un cadeau aux ennemis du Mordor. » - La Fraternité de l'Anneau