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Andrzej Sapkowski répond à (certaines) de nos questions brûlantes sur "Le Sorceleur"

Andrzej Sapkowski répond à (certaines) de nos questions brûlantes sur "Le Sorceleur"
Le Dernier vœu

Qu'est-ce que VOUS aimez le plus chez Geralt ?

Le sorceleur Geralt est un personnage de fiction, créé pour servir l'histoire qui tourne autour de lui. Un auteur aime son personnage si celui-ci sert au mieux l'histoire. Si un auteur n'aime pas son personnage, s'il le trouve peu sympathique ou déficient dans une partie ou un aspect quelconque, cela signifie que l'auteur a mal fait son travail. Ou bien qu’il est schizophrène. Ou alors les deux.

Krew Elfów (Le Sang des elfes) est sorti il y a vingt-cinq ans. Alors que certains romans sombrent dans l'oubli avec le temps, celui-ci est resté un succès. Comment expliquez-vous la réussite de la saga du Sorceleur ?

Et bien, le proverbe est très vrai : habent sua fata libelli, les livres ont leur destinée. Le reste n'est que silence.

Quelle partie de votre monde fantastique préférez-vous et pourquoi ?

Mon monde fantastique a été créé pour servir l'histoire. Donc regardez plus haut la réponse à la question numéro un.

Que saviez-vous de ce monde et de ses personnages lorsque vous avez commencé à écrire à leur sujet ? Et combien de temps vous a-t-il fallu pour créer ce cadre épique ?

Qu'est-ce que j'en savais ? Rien du tout.
N'oubliez pas que j'ai commencé par des histoires courtes. Or, on ne crée pas d'univers dans les histoires courtes. Il n'y a pas de place pour cela, littéralement et métaphoriquement. Plus tard, quand mes histoires ont commencé à évoluer en romans, la nécessité d'un arrière-plan cohérent est devenue imminente. Et lentement, pas à pas, quelque chose ressemblant à un univers a commencé à émerger. Mais, je le répète, ce n'est qu'un arrière-plan qui joue un rôle secondaire dans l'histoire.

Miroirs magiques, personnage inspiré de « Hans mon hérisson », esprits de la lampe, vos nouvelles semblent puiser largement dans le folklore tout comme dans les contes de fées. Pourquoi avez-vous décidé de jouer avec ces éléments ?

L'un des sous-genres du genre fantastique, qui en compte sept, s'appelle « l’interprétation ». Il s'agit en fait de raconter à nouveau un conte de fées classique, une fable, une légende ou un mythe. Le raconter différemment, le changer, le modifier, parfois même le déformer ou le dénaturer de façon perverse. Je n'ai rien inventé, j'ai utilisé cette technique classique.

Quel est votre monstre préféré dans la mythologie slave ?

Quand j'étais enfant, le plus effrayant était Baba Yaga, la sorcière mangeuse d'enfants. Et les plus sympathiques étaient les rusalkas. Aujourd'hui, je ne suis plus un enfant et je n’ai plus de préférence.

Votre saga Le Sorceleur a commencé par des histoires courtes. À votre avis, quels sont les avantages des histoires courtes, à la fois en tant que lecteur et en tant qu'auteur ?

Isaac Asimov disait qu'une nouvelle est une ligne droite et qu'un roman est un avion. Dans l'histoire, l'écrivain, et le lecteur, vont tout droit du point A au point B. Dans le roman, on se déplace dans plusieurs directions. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Tout dépend de ce que l'auteur, ou le lecteur, aime ou n'aime pas.

Qu'est-ce qui vous a décidé à élargir la saga en une série de longs romans ? (Avez-vous pensé une histoire qui exigeait une dimension épique ? Ou bien vouliez-vous passer plus de temps avec les personnages et donc leur créer cet immense arc narratif)?

Encore une fois, Isaac Asimov : ligne droite et avion. Pour moi, c'était une conséquence naturelle. À un moment donné, je me suis senti lié, entravé et limité par le volume d'une histoire ou d'un roman. Puis soudainement, j'ai eu envie d'abandonner la ligne droite, et de prendre l'avion.

Vos romans sont appréciés dans le monde entier. Quels sont les romans que vous aimiez quand vous étiez enfant et en tant qu'adulte ?

Enfant, j'étais un lecteur assidu et en plus j'avais de la chance, il y avait d'innombrables livres chez moi, mes parents étaient eux aussi des lecteurs assidus et ils m'ont encouragé à lire. Les livres ont toujours été une partie importante de ma vie, ça l'a toujours été et ça reste ainsi. À l’heure actuelle, je lis une quarantaine de livres par an.

Qu'est-ce qui vous pousse à écrire ?

Je n'en suis pas sûr. Je parie sur la muse. Elle est la coupable la plus probable.

Envisagez-vous toujours d'écrire un autre roman préquel semblable à Sezon burz (La Saison des orages) ? Pouvez-vous nous donner quelques informations sur son contenu ?

Je ne dévoile jamais mes plans, désolé. Soyez patient.

Est-il plus difficile ou plus facile d'écrire des histoires qui se déroulent dans cet univers fabuleux ?

Ni la dureté ni la difficulté ne nous effraient. Nous n'avons pas peur.

De quelle manière le genre fantastique a-t-il évolué au cours des vingt-cinq dernières années ?

Le genre devient de plus en plus populaire et conquiert de plus en plus de lecteurs. Une demande plus importante exige une offre plus importante, c'est pourquoi il y a de plus en plus d'auteurs dans le domaine, très différents les uns des autres. Le genre devient donc plus varié et plus diversifié.

Si vous pouviez inviter trois à cinq personnages historiques ou de fiction à dîner, qui choisiriez-vous et pourquoi ?

Ernest Hemingway et Umberto Eco, que je considère comme les meilleurs écrivains de tous les temps.

Avez-vous regardé The Witcher sur Netflx ?

Bien sûr, et ce bien avant que le reste du monde. Un accès spécial et un mot de passe unique m'avaient été accordés.

Certains lecteurs trouvent que les adaptations cinématographiques et télévisuelles sont en deçà de leur version originale. Qu'avez-vous pensé de The Witcher ?

Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Matthieu 7:1.

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